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Bernard Cazeneuve, dont le nom a circulé cet été pour entrer à Matignon, revient pour la première fois sur sa rencontre avec Emmanuel Macron. L’ancien premier ministre de François Hollande estime que le chef de l’Etat n’a jamais eu envie de nommer un premier ministre de centre gauche qui lui résiste, mais que la gauche n’a sciemment pas joué le rapport de force, lui laissant toute latitude pour l’écarter du pouvoir.

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Qu’avez-vous pensé de la déclaration de politique générale de Michel Barnier ?

J’ai du respect et de l’estime pour Michel Barnier, dont j’apprécie le sérieux et les compétences. Il est par ailleurs confronté à rude épreuve et les qualités d’un homme s’apprécient aussi à l’aune du contexte qu’il doit affronter. Je suis donc peu enclin à la critique facile et systématique, qui est la loi du genre. Il serait par ailleurs irresponsable de spéculer sur son échec, et cynique aussi, au regard de l’Everest de défis qui se présente au gouvernement de la France.

En revanche j’ai, c’est vrai, de sérieuses réserves sur l’équilibre de son gouvernement et sur la pente générale de ses orientations qui le situe à droite, c’est-à-dire très loin de mes choix de toujours. Comme pour le faire oublier, la déclaration de politique générale s’apparentait davantage à un discours général de politique qu’à un programme précis de gouvernement. Il est donc difficile de percer exactement les intentions du premier ministre notamment en matière de redressement des comptes publics, où le niveau de la dette et des déficits demeure très préoccupant.

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Bernard Cazeneuve, au Valois, une brasserie du 8ᵉ arrondissement de Paris, le 1ᵉʳ octobre 2024.

Comment appréhendez-vous la délicate équation budgétaire ?

Sur ces sujets soyons précis : il y avait 2,6 % de déficit public en 2017 lorsque Emmanuel Macron est arrivé aux responsabilités, alors qu’il était de près de 5 % en 2012 au moment où Nicolas Sarkozy les a quittées. Nous atteignons désormais 6 %. Certes, il y a eu la crise sanitaire, celle des « gilets jaunes », mais le « quoi qu’il en coûte » a pu donner le sentiment qu’on pouvait dépenser sans compter.

Il faut maintenant avoir le courage de dire la vérité aux Français : régler la question de la dette est d’intérêt national, sauf à prendre le risque d’une attaque des marchés et d’une remise en cause de notre souveraineté et de nos marges de manœuvre pour investir pour la transition écologique notamment. Mardi [1er octobre], Michel Barnier n’a pas dit comment passer de 6 % de déficit en 2024 à 5 % en 2025, sans une loi de finance rectificative, des économies documentées et des mesures fiscales précisées.

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