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Le 17 janvier, Bernard Arnault prend la plume pour adresser un courrier à ses enfants Delphine et Antoine, ainsi qu’aux différents membres de son comité exécutif (son homme de confiance, Nicolas Bazire, le secrétaire général, Marc-Antoine Jamet, etc.). Dans sa « recommandation », le patron du groupe de luxe LVMH affiche une colère froide. L’intérêt que les médias, mais aussi « des lettres soi-disant confidentielles, des sites dits d’investigation qui se servent de l’attrait du public pour le luxe pour attirer de manière racoleuse un nouveau lectorat », les poussent, selon lui, à rechercher de « l’information “confidentielle” venant de sources internes » – qui agiraient « par calcul ou stratégie personnelle ».

« Je condamne formellement tout comportement consistant à entretenir des relations avec des journalistes peu scrupuleux et leur donner des informations ou des commentaires sur la vie du groupe », blâme le dirigeant, avant de joindre une liste des publications auxquelles il demande à ses interlocuteurs de « respecter une interdiction absolue [ces mots, en gras, sont soulignés] de parler ».

En ligne de mire : La Lettre (ex-La Lettre A, groupe Indigo), le média d’investigation en ligne, qui a révélé ce courrier, mercredi 18 septembre, Le Canard Enchaîné, Mediapart, mais aussi L’Informé, un site d’informations économiques soutenu par Xavier Niel (membre du conseil de surveillance du Monde), ainsi que les spécialistes du secteur, l’américain Puck News, Glitz (groupe Indigo également) et Miss Tweed.

Image d’indépendance

Un tel rappel au règlement n’est pas inhabituel au sein d’un groupe du CAC 40. « Un salarié ne doit pas accorder d’interview sans autorisation. C’est l’usage », rappelle un chasseur de têtes. Il est plus rare, en revanche, que des médias soient ainsi listés. Loin de leur nuire, cette mise à l’index les pare d’une flatteuse image d’indépendance.

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« Si Bernard Arnault prend ainsi la plume (…) c’est bien la preuve que la rédaction travaille efficacement et honnêtement », se félicite ainsi Octave Bonnaud, le rédacteur en chef de La Lettre. Cet avertissement « n’empêche pas nos journalistes d’avoir accès à des sources internes au sein de LVMH », s’honore aussi Claire Bader, rédactrice en chef de L’Informé.

Astrid Wendlandt, la fondatrice du site Miss Tweed, veut y voir la preuve que « ces grands groupes ne peuvent gérer des médias indépendants qui ne dépendent aucunement de leurs budgets publicitaires ». « De la part d’un patron milliardaire, ce courrier montre l’absence de confiance [envers] ses équipes, qu’il cherche à intimider en menaçant de les licencier », renchérit la présidente de Mediapart, Carine Fouteau. Le titre constate que, depuis mai, le « service de presse n’accuse plus réception de ses messages ».

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