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Plus de 1 100 Palestiniens tués, des centaines de blessés, des destructions qui s’ajoutent à des destructions sans précédent, tel est le bilan à ce jour de la reprise unilatérale de la guerre conduite par Israël à Gaza. Après avoir déchiré, le 18 mars, l’accord de cessez-le-feu qui prévoyait un retour au calme durable en trois phases, Israël déploie de nouveau ses troupes et impose aux Palestiniens une nouvelle errance à l’intérieur d’une étroite bande de terre découpée par des corridors.

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Cette reprise des combats s’accompagne de faits plus que dérangeants : le bombardement d’une école servant de refuge dans la nuit du 2 au 3 avril, où au moins une trentaine de Palestiniens ont été tués, et surtout la découverte, le 30 mars, des corps de 15 secouristes dans une fosse commune dans le sud de Gaza. Ces derniers ont manifestement été abattus alors qu’ils effectuaient une mission de sauvetage. L’armée israélienne a assuré enquêter sur ce qui pourrait constituer un crime de guerre. Un de plus alors que l’impunité règne depuis le début des opérations militaires et que l’Etat hébreu maintient toujours le huis clos sur cette guerre en interdisant à la presse internationale l’accès à Gaza.

Parmi les motifs avancés par le premier ministre israélien, ceux de l’écrasement du Hamas et de la libération des derniers otages israéliens capturés lors de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 peinent à convaincre. Plus de seize mois de bombardements massifs n’ont en effet pas permis d’y parvenir. En revanche, la « mise en œuvre du plan Trump » revendiquée par Benyamin Nétanyahou, le 30 mars, doit être prise au sérieux. Il s’agit d’un nettoyage ethnique maquillé en « plan de migration volontaire » par les autorités israéliennes qui ont annoncé la création d’une administration spéciale. « C’est notre stratégie, nous ne le cachons pas », a confirmé le premier ministre israélien.

La violence des nouveaux bombardements et le blocus alimentaire imposé depuis plus d’un mois permettent de mesurer le cynisme de cette formule de « migration volontaire ». Benyamin Nétanyahou bénéficie, il est vrai, d’une impunité diplomatique qui ne peut que l’inciter à pousser son avantage. Le premier ministre illibéral hongrois, Viktor Orban, lui en a complaisamment offert l’occasion, non seulement en l’invitant quatre jours à Budapest, où il est arrivé le 3 avril, mais aussi en annonçant le même jour le retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale (CPI). Celle-ci a délivré en 2024 des mandats d’arrêt contre son visiteur et contre l’ex-ministre de la défense israélien Yoav Gallant, tous deux étant poursuivis pour « crimes contre l’humanité » et organisation de « famine comme méthode de guerre ».

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Ce voyage à Budapest est le premier de M. Nétanyahou dans un pays qui fut membre de la CPI. La décision de M. Orban de la quitter est une victoire pour lui, dans la mesure où, même si certains pays comme l’Allemagne, la France et la Pologne ont émis des doutes sur la possibilité d’arrêter le premier ministre israélien, le cas échéant sur leur territoire, ces Etats ne renient pas la CPI. Tous les autres pays de l’Union européenne en sont membres.

M. Orban renforce ainsi la solidarité des régimes illibéraux avec le premier ministre israélien, dont la dérive autoritaire emprunte de plus en plus à leurs méthodes, notamment en s’attaquant au pouvoir judiciaire. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne peut que les encourager.

Le Monde

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