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Histoires Web mercredi, septembre 17
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Lorsque Vincent Bolloré tenta de marier Hachette Livre et Editis en 2021, il déclencha une levée de boucliers, car cette fusion entre les deux géants aurait abouti à un contrôle de plus de 50 % du marché du livre français. Trois ans plus tard, alors qu’il a été contraint par la Commission européenne de revendre Editis à Daniel Kretinsky, dirigeant du groupe CMI, il intervient directement dans la vie politique en poussant le patron du groupe Les Républicains, Eric Ciotti, à s’allier avec le Rassemblement national.

Quelques semaines avant la dissolution de l’Assemblée nationale survenue en juin 2024, Isabelle Saporta, nouvellement directrice des éditions Fayard, filiale d’Hachette, était licenciée pour avoir refusé d’accorder son patronage à Lise Boëll. Chargée par Vincent Bolloré de promouvoir les chefs de file de l’extrême droite, de Jordan Bardella à Eric Zemmour en passant par Philippe de Villiers, l’éditrice n’a pas tardé à montrer qu’on pouvait lui faire confiance.

Pour enfoncer le clou ou faire hurler ses détracteurs, Lise Boëll vient de confier à Sonia Mabrouk, journaliste sur CNews, une collection intitulée « Pensée libre ». Dans la première liste d’auteurs annoncés, on trouve pêle-mêle Jordan Bardella, Philippe de Villiers, mais aussi le chroniqueur Eric Naulleau et, pour faire bonne mesure, un député La France insoumise, [Aurélien Taché], en mal d’éditeur. Sans l’ombre d’une hésitation, Sonia Mabrouk et Lise Boëll ont décidé d’emprunter à Raymond Aron [1905-1978] et à sa collection « Liberté de penser » chez Calmann-Lévy, un patronage destiné à jouer le rôle de ce qu’on appelait autrefois une « savonnette à vilain ».

Monopoly de l’édition

De cette dérive d’une prestigieuse maison d’édition longtemps dirigée par Claude Durand [1938-2015] de 1980 à 2009, puis par Olivier Nora de 2009 à 2013 et finalement par Sophie de Closets jusqu’en 2022, peut-on conclure qu’une menace réelle pèserait sur l’édition française ? Après tout, Jean-Luc Lagardère [1928-2003] n’avait pas hésité à racheter Vivendi Universal Publishing à l’automne 2002, s’attirant les foudres et l’anathème de toute la profession, les PDG de Gallimard et de Seuil menant la fronde au nom de la liberté d’expression. En 2004, Hachette conserva 40 % de Vivendi Universal Publishing et les 60 % restants, rebaptisés Editis, passèrent entre les mains d’Ernest-Antoine Seillière, à la tête de la société d’investissement Wendel, puis, en 2008, de Grupo Planeta, avant que Vivendi ne reprenne son ancienne filiale, en janvier 2019.

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