Elon Musk, enfant, rêvait-il aux étoiles, allongé dans un veld sous la voûte céleste ? Ou adolescent, après avoir quitté l’Afrique du Sud pour le Canada, en observant le ciel des plaines glacées de la Saskatchewan ? L’homme qui promet de conquérir Mars est déjà le maître incontesté du proche espace. De notre planète, y compris à 1 000 milles de toute terre habitée, il est désormais plus probable d’apercevoir ses satellites Starlink que des étoiles filantes. Au risque de les confondre : les « caravanes » de ces appareils de haute technologie forment de longues traînées lumineuses dans la nuit.
L’histoire de ce succès est connue. Créé en 2002, SpaceX, la société d’Elon Musk spécialisée dans l’astronautique, a d’abord enchaîné déconvenues et tirs ratés de fusée. Ses concurrents et les experts du secteur observent alors avec scepticisme, voire avec sarcasme, l’acharnement du milliardaire à poursuivre son projet. Un premier lancement réussi, en septembre 2008, lui ouvre les portes de la NASA. L’agence fédérale américaine, qui cumule les échecs, est devenue un gouffre financier. Or, les coûts pourraient être limités en faisant appel à un acteur privé.
Ce pari osé, pris par le président George W. Bush (2001-2009), devient une politique assumée par son successeur, Barack Obama (2009-2017), qui entreprend de « dégraisser » la NASA et entame la privatisation de la conquête de l’espace. Donald Trump, pendant son premier mandat (2017-2021), et encore davantage Joe Biden (2021-2025) poursuivent dans cette voie. En vingt ans, Elon Musk a ainsi perçu plus de 22,6 milliards de dollars (près de 21 milliards d’euros) d’aides, de financements et de commandes publiques pour le compte de SpaceX, selon une enquête du Washington Post, publiée le 26 février. Le milliardaire, dont la mission auprès du président américain consiste aujourd’hui à sabrer dans les dépenses fédérales, est donc l’un des plus grands bénéficiaires de la caisse des contribuables américains.
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