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Histoires Web jeudi, novembre 21
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Le premier salaire de Lucas ? « En tout, 2 000 euros, pour un mois et demi à préparer des commandes pour un drive de supermarché, j’ai fait des heures supplémentaires », relate le jeune homme, technicien multimédia dans une grande enseigne (les témoins n’ont pas souhaité donner leur nom de famille). C’était l’été de ses 18 ans, en 2019.

« Avec les sous, j’ai emmené ma famille au resto, un buffet chinois à volonté, 120 balles. Ma mère m’avait aidé à décrocher ce boulot : elle m’a emmené là-bas trois fois, m’expliquant qu’il fallait insister dans la vie, ils ont fini par me prendre. Et mon père s’est levé à 5 heures pour me conduire chaque matin… » Il a aussi acheté un téléphone, qu’il a gardé cinq ans. « Je l’ai eu à moins 60 %, à 600 euros, plus 200 euros d’écouteurs. Mes parents ont mis 200. »

Comme Lucas, les jeunes adultes peuvent souvent parler longuement de ce qu’ils ont fait de leur première vraie paie, souvent un job d’été. Nicolas, 26 ans aujourd’hui, s’est offert un ordinateur. Maël aussi : « Je ne me voyais pas demander 1 500 euros à ma mère pour ça, je préférais le faire avec mon argent. » « Moi j’ai acheté un iPhone, mis 1 000 euros sur mon Livret A et gardé le reste pour sortir. J’étais toute contente, je me suis dit “ça y est j’ai des sous !” », s’exclame Camille T., 21 ans. Théo, 26 ans, aujourd’hui a économisé pour sa future maison.

Décryptage | Article réservé à nos abonnés Les rapports contradictoires des jeunes adultes avec l’argent

« Chacun se souvient de son premier salaire. Quand je pose la question en cours, mes étudiants se réveillent et partagent leurs souvenirs », confirme la sociologue Hélène Ducourant, enseignante-chercheuse à l’université Gustave-Eiffel. « L’argent n’est pas dépensé de la même façon selon sa provenance – héritage, premier salaire, gain au jeu, etc. Il n’est pas aussi fongible que le pensent les économistes, un euro n’est pas un euro. »

« Récompense de ton travail »

Camille D., 19 ans aujourd’hui, explique distinguer l’argent qu’elle gagne, avec lequel elle achète ce dont elle a besoin, et celui qu’on lui donne, qu’elle économise. Elle avait prévu « depuis longtemps » ce qu’elle ferait de son premier salaire, touché à l’été 2023 après avoir travaillé dans un musée parisien. « J’avais ce schéma en tête : m’acheter un téléphone et des fournitures pour la rentrée, mettre la moitié de côté et partager le reste avec mes parents. » « Le premier salaire, c’est la récompense de ton travail, ça valorise, tu entres dans ta vie d’adulte », estime encore cette étudiante de 19 ans.

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