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Histoires Web mercredi, octobre 23
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Couronnée par le Prix du premier roman pour son livre publié, en 2022, aux éditions Grasset, Maria Larrea a écrit un récit autobiographique dont l’énergie a dû séduire la comédienne Bérénice Bejo. C’est en tout cas ce qu’on se dit à la vue de l’actrice qui se dépense sans compter pour donner corps au personnage, sur la scène du Studio Marigny.

De l’enfance à l’âge adulte, l’héroïne raconte son histoire et, au-delà, celle de ses parents qui ont fui l’Espagne de Franco pour trouver refuge en France. Quitter Bilbao pour Paris, élever l’enfant dans une loge de concierge : tandis que la mère fait des ménages, le père, porté sur l’alcool, devient le gardien du Théâtre de la Michodière. Un lieu de vie incroyable, mais que ne restitue pas sur un mode merveilleux la plume de l’écrivaine. Maria se souvient de l’essentiel, c’est-à-dire du concret. La fillette devait se laver en vitesse dans les douches des acteurs et se coucher dès le spectacle terminé, dormir dans un couloir et supporter, la nuit venue, les ébats conjugaux (ou les coups donnés par le père à la mère).

De la Michodière, elle n’a retenu ni le charme des coulisses ou des loges ni la magie des planches de bois. Le théâtre lui aura néanmoins permis de frimer dans les cours d’école, quand les sarcasmes de petits camarades aisés et dotés de prénoms franco-français la blessaient. « Mon père dirige la Michodière », rétorquait-elle alors avec superbe. Son récit est celui d’une résilience. Comment transformer le sordide en sublime, oublier la violence du père, comment, une fois devenue adulte et mère de deux enfants, passer outre les secrets de famille, comment tenter et réussir l’école de la Fémis et, pour finir, comment se réinventer dans la création ?

Son lot d’énigmes

L’adaptation du texte (signée Johanna Boyé et Elisabeth Ventura) cherche à imprimer aux mots le tempo haletant d’une enquête avec son lot d’énigmes afférentes. Mais le résultat est plus que poussif, malgré l’ardeur de Bérénice Béjo. En 2012, l’actrice a obtenu le César de la meilleure actrice pour son rôle dans The Artist, de Michel Hazanavicius. En 2013, le Festival de Cannes l’a, à son tour, récompensée d’un Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Le Passé, d’Asghar Farhadi. Côté cinéma, l’interprète est capée, alors qu’elle est une quasi-débutante au théâtre.

Elle s’y risque pourtant dans l’exercice le plus périlleux qui soit, un seule-en-scène qui la surexpose aux regards. Autour d’elle, la scénographie (une estrade et un rideau de perles) lui est d’une aide relative. Elle doit donc, sans échappatoire ni partenaire sur lequel se reposer, tout assumer des personnages qu’elle incarne. Leurs émotions, leurs caractères, leurs intentions. A elle d’essayer de rendre crédible la fresque racontée jusqu’à emprunter l’accent espagnol. Présence généreuse, technique balbutiante : jouer pour le théâtre n’est pas si simple.

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