Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, juillet 4
Bulletin

Cette tribune paraît dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien.

Le ministère de l’éducation nationale entend appliquer à marche forcée dès la session 2025 un recrutement des futurs professeurs et CPE [conseillers principaux d’éducation] durant l’année de licence 3, tout en sortant de l’université la formation initiale des lauréats. Ce projet et la méthode employée pour l’imposer inquiètent fortement les différents acteurs et actrices de l’éducation nationale que nous sommes.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Réforme de la formation des enseignants : le ministère prévoit finalement le statut de fonctionnaire pour les étudiants en master 1

D’une part, le calendrier est intenable et l’application de la réforme ne peut être envisagée pour la prochaine session. Cette réforme supplémentaire dans un temps très court éprouvera encore une fois durement les personnels de la formation initiale tout en dégradant la lisibilité du recrutement des enseignants et CPE.

D’autre part, les contenus des projets de maquette des concours, dévoilés sans réelle concertation, nous alertent et nous alarment car les attentes disciplinaires sont en forte baisse. Les épreuves écrites et orales se contentent de vérifier des connaissances minimales, insuffisantes pour assurer une réflexion critique et didactique sur les contenus enseignés. La « leçon » disparaît des épreuves écrites et orales, la capacité à penser le cours pour les élèves ne sera plus évaluée, pas plus que la connaissance des programmes scolaires.

« Déspécialisation » disciplinaire

Le contenu didactique disparaît bel et bien de toutes les épreuves : il n’est plus demandé aux candidats de se projeter dans leur futur métier. Le ministère se justifie en expliquant qu’il n’est pas possible de maintenir de telles exigences car les candidats n’auront pas les acquis disciplinaires nécessaires.

Parallèlement, l’oral 2, dit « oral d’entretien », qui n’a aucune dimension disciplinaire, est maintenu et renforcé pour contrôler la manière dont les candidats entendent transmettre et même « incarner » les valeurs de la République, pour vérifier leur compréhension des enjeux de la transition écologique et du bien-être de l’élève. Ces éléments prennent une place disproportionnée au cœur du recrutement, et au détriment des connaissances disciplinaires. Une logique de « majeure » et « mineure » est installée dans de nombreuses disciplines, ce qui scinde les contenus disciplinaires et contribue à l’éclatement de ces disciplines.

Des programmes de concours se limitent aux programmes de collège et de lycée, sans encourager les candidats à réfléchir globalement à leur discipline, à l’épistémologie, aux nouveautés de la recherche, etc. Une « déspécialisation » disciplinaire se profile.

Il vous reste 53.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.