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Conséquence de la poussée d’antisémitisme en France depuis le 7-Octobre ou tendance de fond ? Trente-deux classes supplémentaires ont ouvert au sein des écoles juives à la rentrée, contre vingt-deux en 2023 et 2022, selon le Fonds social juif unifié (FSJU), qui coordonne ce réseau d’établissements sous contrat et hors contrat avec l’Etat.

L’association Créer son école, qui accompagne et recense chaque année les créations d’établissements hors contrat, note aussi une « progression soudaine » des créations d’écoles juives pour cette année. Sur cent seize ouvertures en cette rentrée, dix font partie du réseau confessionnel juif. En 2023, une seule s’était lancée.

Faut-il y voir une désaffection de familles juives pour l’enseignement public ? L’association Créer son école en est convaincue : « La situation géopolitique et la forte progression des actes et du climat antisémites en France ont contraint des familles peu ou pas pratiquantes à rejoindre des établissements confessionnels juifs pour des raisons de sécurité », écrit-elle dans le livret qui recense les ouvertures d’écoles hors contrat en cette rentrée.

Réflexe de protection

Pour Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’action scolaire du FSJU, cela ne fait également aucun doute : « Les suites du 7-Octobre et la montée de l’antisémitisme qui en découle renforcent un mouvement préexistant vers les écoles juives. » Les évolutions qu’il constate assoient cette conviction. « Il y a davantage d’élèves qui arrivent en cours de cycle. Auparavant, les élèves rejoignaient les écoles juives lors de moments charnières de la scolarité, en CP ou en 6e. Certaines familles inscrivent désormais leurs enfants en CM1 ou CM2 », souligne-t-il, en notant une croissance des écoles primaires au sein du réseau. Vingt des trente-deux nouvelles classes de cette rentrée ouvrent dans le premier degré. « Des élèves nous rejoignent dès la maternelle sans passer par la case “public”, alors que les familles optaient jusque-là pour la proximité et donc pour l’école publique », relate le responsable.

Patrick Petit-Ohayon évalue le nombre d’élèves supplémentaires cette année dans les écoles juives à six cents. Ces établissements poursuivent leur croissance : ils ont accueilli 35 528 élèves en 2023, soit 11 % de plus en dix ans et 48 % de plus qu’en 2000, selon les chiffres du FSJU. Près de 17 % de ces élèves sont scolarisés dans des classes hors contrat, la contractualisation avec l’Etat s’effectuant par classe et non par établissement.

Au-delà d’une optique confessionnelle, l’école juive devient pour certaines familles un réflexe de protection. Pour Fabien (qui souhaite rester anonyme), cette option était encore impensable il y a un an. Avec une mère enseignante dans le public, ce père de deux enfants, « pas particulièrement pratiquant », qui habite Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), n’imaginait pas d’autre choix pour ses deux enfants que l’école du quartier, puis le collège et le lycée du secteur.

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