Ça turbine du textile dans Inhale Delirium Exhale, spectacle de Miet Warlop, à l’affiche jusqu’au 4 octobre, à La Villette, à Paris. Mille cinq cents mètres de soie bleue, rouge, blanche, orange manipulée par six interprètes lèvent une marée géante d’une beauté plastique éberluante et sans cesse renouvelée. Entre chutes vertigineuses de tissus venus du ciel, déroulés dans tous les sens, voiles qui s’abattent et se tendent, le plateau bouillonne dans un déferlement de rideaux.
Inhale Delirium Exhale souffle un vent fou. Normal, avec un titre pareil. Il compte évidemment sur les danseurs pour aérer la scène et brasser l’espace, mais aussi sur d’énormes ventilos et des canons à air. Quant au délire, régulièrement présent dans les œuvres chaotiques de la chorégraphe et artiste visuelle belge depuis ses premières pièces au début des années 2000, il est au rendez-vous, et comme toujours impeccablement orchestré.
Artisanat local
Après le succès de One Song, concert chaud bouillant créé en 2022 et présenté un an après au Festival d’Avignon, Miet Warlop était très attendue. Celle qu’on a découverte dans le spectacle Mystery Magnet (2012), où l’art de peindre devenait un jeu de massacre, puis dans Fruits of Labor (2017), avec son trio guitare-basse-batterie déjanté, conserve le cap de son instinct plastique et performatif effréné. Formée à l’Académie royale des beaux-arts de Gand, elle affirme ici son talent unique de faire corps avec les matériaux qu’elle met en scène.
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