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Histoires Web vendredi, janvier 17
Bulletin

Que se passe-t-il lorsque des Suisses rentrent sur un plateau de théâtre ? Rien. Ou presque rien. Une description incongrue de paysages helvètes qui se termine par la mention indifférente d’un mort trouvé au bord d’un lac ; un Etranger qui interroge trois Suisses hébétés, leurs corps immobiles sur leurs sièges, leurs murmures inaudibles, leurs regards de biais ; des chants a cappella et folkloriques portés par un quatuor de comédiens ; une critique saignante de la Suisse ; une chaise détruite à coups de marteau ; des minutes qui s’écoulent dans le silence.

Au Théâtre de la Bastille, Heimweh/Mal du pays est un ovni situationnel qui pousse un peu loin le bouchon de la provocation en proposant au spectateur une expérience de la vacuité doublée d’une traversée de l’absurde avec un grand A. Mis en scène par Gabriel Sparti (artiste suisse qui travaille en Belgique), le texte est le fruit d’une écriture collective amendée, chaque soir, par les improvisations des acteurs. Son déploiement s’accomplit dans un dispositif statique d’une simplicité radicale.

Piéger le public

Assis derrière un bureau, l’Etranger tente d’obtenir des réponses aux rares questions qu’il pose à un trio de Suisses. C’est que Clarisse, Didier et Omar (les prénoms des personnages) font preuve de mauvaise volonté lorsqu’il s’agit de s’exprimer à haute et intelligible voix. A peine saura-t-on qu’ils travaillent dans le secteur médical. L’essentiel de leur temps se passe à bavarder entre eux en échangeant des sourires complices. Tant pis si l’Etranger n’entend rien de ce qu’ils disent. Tant pis si le public, lui aussi, doit tendre l’oreille (et le plus souvent en vain).

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