Rodrigo Duterte, l’ancien président des Philippines (2016-2022), a été arrêté, mardi 11 mars, après son atterrissage à l’aéroport de Manille en application d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre d’une enquête pour crimes contre l’humanité dans le cadre de sa guerre meurtrière contre la drogue, a annoncé la présidence.
« Tôt ce matin, Interpol Manille a reçu la copie officielle d’un mandat d’arrêt émis par la CPI, a fait savoir la présidence, dans un communiqué. Il est actuellement en détention. » « L’ancien président et son groupe sont en bonne santé et sont en train d’être examinés par les médecins », selon la même source.
L’ancien dirigeant de 79 ans est accusé de « crimes contre l’humanité » pour la répression au cours de laquelle les groupes de défense des droits humains estiment que des dizaines de milliers d’hommes, pour la plupart pauvres, ont été tués par des policiers et des groupes d’autodéfense, souvent sans qu’il soit prouvé qu’ils étaient liés à la drogue.
Les juges de la CPI avaient annoncé, en septembre 2021, avoir autorisé l’ouverture d’une enquête sur les meurtres commis lors de la « guerre contre la drogue » livrée sous sa présidence.
« Base raisonnable »
Les juges internationaux avaient conclu qu’il « existe une base raisonnable pour ouvrir une enquête », notant que « l’élément spécifique constitutif du meurtre en tant que crime contre l’humanité (…) est réalisé ». La cour basée à La Haye, aux Pays-Bas, avait précisé que la « campagne dite de “guerre contre la drogue” ne peut être considérée comme une opération légitime de maintien de l’ordre et les meurtres ne peuvent être considérés ni comme légitimes ni comme de simples excès ».
Les juges avaient enfin souligné que même si les Philippines se sont retirées de la CPI en 2019, la juridiction reste compétente pour des crimes qui auraient été commis sur leur territoire lorsqu’elles étaient un Etat partie au statut de Rome, texte fondateur de la Cour, ainsi que pour les meurtres commis dans la ville de Davao, à l’époque où Rodrigo Duterte y était maire, avant de devenir président.
Rodrigo Duterte revenait d’un bref séjour à Hongkong et venait d’atterrir à l’aéroport international de Manille. S’exprimant devant des milliers de travailleurs philippins dimanche, l’ancien président avait condamné l’enquête, traitant les enquêteurs de la CPI de « fils de putes », tout en admettant qu’il « accepterait » s’il devait être arrêté. Il a, par le passé, défendu régulièrement sa répression antidrogue et a nié avoir ordonné à la police d’abattre des suspects hors du cadre de la légitime défense.
L’ancien président reste un homme extrêmement populaire aux Philippines pour ceux qui ont soutenu ses solutions rapides à la criminalité. Il reste une puissante force politique et est en lice pour retrouver son poste de maire aux élections de mi-mandat en mai.