Aux Eurockéennes de Belfort, des chanteuses d’élection pour une journée d’ouverture aux notes politiques

Emblématique, en France, d’une jeunesse qui aime s’enivrer de décibels en s’ébrouant dans la boue, le festival des Eurockéennes de Belfort, dont la 34^e édition a débuté jeudi 4 juillet, ne s’était jamais tenu avec une extrême droite aussi haute dans le département. Avec 40 % des suffrages exprimés dans la première circonscription du Territoire de Belfort, le Rassemblement national a pratiquement doublé son score, dimanche 30 juin, par rapport aux législatives de 2022, suivi du sortant (Les Républicains) Ian Boucard, à 24 %.

Aussi, la presqu’île du Malsaucy, qui accueille les festivaliers venus de France et d’ailleurs, est-elle devenue une enclave inquiète dans l’attente des résultats du second tour, dimanche 7 juillet, jour de clôture des Eurockéennes. A 20 h 30, Bagarre, un groupe parisien fusionnant les énergies du hip-hop, du rock et de la dance, prendra la Grande Scène après l’annonce des résultats. Il s’est notamment fait connaître pour sa relecture de Salut à toi (1990), de Bérurier noir, en Salut à toutes, adaptation due à François Guillemot, chanteur du fameux groupe punk. Celui-là même qui jurait, en 1988, que « la jeunesse emmerde le Front national ».

Signe que la musique a été rattrapée par la politique, un guichet pour faciliter le dépôt de procurations a été installé à l’entrée du camping. Et la contestation attend, dans l’après-midi, les premiers venus avec Lambrini Girls, trio punk de Brighton criant son rejet de tout, dans la tradition insulaire inaugurée par les Sex Pistols : la monarchie et la police, les harceleurs et l’écrivaine J. K. Rowling en raison de ses propos sur la transidentité, enfin les « fascistes », une catégorie incluant, selon la chanteuse Phoebe Lunny, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, et Emmanuel Macron.

L’énumération a le mérite de présenter plus de variété que la grammaire musicale, généralement réduite à un accord noyé dans la saturation. Mais Phoebe Lunny pratique aussi le théâtre d’intervention, en invitant les spectateurs à s’asseoir – dans la gadoue – ou en grimpant dans un arbre avant de s’abandonner au slam, acte punk consistant à se faire porter par la foule en station allongée.

Diva malienne

Après cette dose d’agressivité, une rythmique souple et chaloupée est bénéfique. Habituée des festivals de musiques dites « du monde », Oumou Sangaré quitte sa zone de confort en se présentant devant un public attendant les hard-rockeurs Royal Blood ou les rappeurs Bigflo et Oli. Mais on n’oubliera pas qu’Aya Nakamura a consacré un titre à la diva du Wassoulou malien dès son premier album en 2017, ni que Beyoncé a samplé Diaraby Nene, tube turbo extrait du premier album Moussolou (1991). Qu’Oumou Sangaré introduit par un message simple, direct, universel : « Faisons l’amour tous les jours. »

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