Il faut se méfier des comparaisons entre nations. Si les démocraties occidentales ont beaucoup en commun, le poids de l’histoire, des cultures et traditions particulières est souvent sous-estimé. Marquée par le fédéralisme et l’omniprésence de la religion, la vie politique américaine est ainsi fondamentalement différente de celle de la France, jacobine et laïque.
En dépit de ces différences, ausculter le nationalisme autoritaire vers lequel basculent les Etats-Unis peut aider à mieux comprendre la crise démocratique française. Dans l’ouvrage qu’il vient de publier, Le Miroir américain. Enquête sur la radicalisation des droites et l’avenir de la gauche (Les Arènes, 192 pages, 20 euros), le journaliste franco-américain Cole Stangler rappelle ainsi que certaines tendances observées dans les deux pays sont comparables et susceptibles d’aboutir à une catastrophe d’une même ampleur.
A commencer par la désindustrialisation. Au fil des pages, il dresse le portrait de petites villes américaines, comme Weirton, en Virginie-Occidentale, dont la sidérurgie autrefois prospère a été ravagée par la concurrence internationale, plongeant les locaux dans la rancœur et la colère. « Cette ville est foutue, on est tout simplement dans la merde », lui lance ainsi l’une des habitantes. Puis, évoquant Donald Trump : « Franchement, moi, j’en n’ai rien à foutre, je vais voter pour le criminel. »
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