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Histoires Web lundi, janvier 27
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Disons d’emblée que cette série documentaire fera date. Ajoutons qu’il faudra probablement plusieurs écoutes pour comprendre vraiment tout ce qui s’y dit et tout ce qu’elle pose comme questions. Pour comprendre aussi tout ce qu’elle nous fait, personnellement et collectivement. Parce qu’elle nous pousse à réfléchir sur ce qu’a été et ce qu’est Auschwitz et alors que le camp a été découvert le 27 janvier 1945, il y a quatre-vingts ans.

Réalisée par Yaël Mandelbaum, cette série de Béatrice Leca est née d’une suggestion de l’historienne Annette Wieviorka. « Le titre s’est imposé très vite, explique Béatrice Leca. Annette Wieviorka avait souligné l’idée qu’avec la disparition des témoins le lieu allait prendre un sens différent, qu’il allait finir par se substituer aux témoins, d’une certaine façon. Mais en tant que musée, ou disons, en tant que lieu muséographié, c’est aussi un lieu témoin de l’évolution de nos regards sur la Shoah, en Pologne et en Europe – le lieu témoin de nos difficultés à affronter notre histoire, c’est-à-dire une part du présent. »

Comme le souligne Tal Bruttmann, historien spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme au XXe siècle : « Rarement musée ou lieu de mémoire a été autant instrumentalisé par le politique comme l’a été Auschwitz. » Cette instrumentalisation commence dès la création du musée, en 1947. Et la date même de l’inauguration est loin d’être anodine, comme l’explique Annette Wieviorka : « Le 14 juin 1947 est la date anniversaire de l’arrivée du premier convoi de prisonniers politiques polonais. » Il s’agit donc et d’abord, pour le gouvernement de l’époque, d’en faire le musée du « martyr de la nation polonaise et des autres nations », et le stalinisme impose son récit (épisode 1).

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