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Le Zimbabwe se cherche désespérément une devise stable. Il pensait l’avoir trouvée en avril en lançant le ZiG, pour « Zimbabwe gold », une référence à l’or qui figurait en majesté sur les billets flambant neufs. Mais cette nouvelle tentative est en passe d’échouer. Après un lancement difficile – des immenses queues se sont formées devant les banques suite à une pénurie des nouvelles coupures –, les habitants s’en sont remis au bon vieux dollar américain, dont le cours ne cesse d’augmenter. La banque centrale a même été contrainte de dévaluer le cours officiel du ZiG de 43 % en septembre alors que, sur le marché non officiel, le dollar est passé de 13,56 ZiG en avril à près de 28 aujourd’hui. Craignant de se retrouver avec des billets sans valeur, les consommateurs se précipitent dans les magasins pour les échanger contre des denrées alimentaires de base comme le sucre ou la farine.

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L’inflation est pourtant prise très au sérieux dans le pays. Des agents de la commission de protection des consommateurs parcourent les marchés avec leurs calculettes pour mesurer, semaine après semaine, la hausse des prix des denrées alimentaires de base comme l’huile, et le taux de change pratiqué. Le pays est aussi doté d’une Financial Intelligence Unit (FIU), chargée de traquer et sanctionner les entreprises qui refusent le paiement en ZiG ou qui ne suivent pas le taux de change officiel.

Record mondial en matière de flambée des prix

Mais l’inflation échappe aux lois du gouvernement. En l’occurrence, le Zimbabwe est le détenteur du record mondial en matière de flambée des prix, qui a culminé jusqu’à 1 700 % en février 2007, à une période où les prix doublaient en vingt-quatre heures. Les habitants ont appris à vivre avec grâce au « mattress banking » (« la banque du matelas »), une pratique qui consiste à placer ses économies partout sauf à la banque, et dans toutes les devises sauf celle de leur pays.

Les changements de devises ont une efficacité limitée, si l’on en juge par les cinq échecs qui ont déjà eu lieu depuis 2009. Le ZiG a été introduit en avril en remplacement du dollar zimbabwéen, qui avait perdu 80 % de sa valeur depuis le début de l’année. Si la monnaie dévisse, c’est que les habitants ne lui font pas confiance, et encore moins aux autorités. De fait, celles-ci ont trop souvent eu recours à la planche à billets pour régler leurs dépenses, ce qui a précipité la dévaluation de la monnaie locale.

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Le gouvernement a tenté d’enrayer la chute du cours en imposant un taux fixe et en mettant en prison les agents de change qui vendaient à la sauvette des dollars, sans grand succès. L’économie du Zimbabwe est quasiment coupée du reste du monde. Elle n’a plus accès aux marchés de capitaux privés après avoir fait défaut sur sa dette en 2000. Et les institutions multilatérales rechignent à venir en aide à un régime répressif, dirigé par Emmerson Mnangagwa, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat militaire qui a renversé Robert Mugabe.

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