Une enquête a été ouverte au Togo sur la mort de cinq personnes repêchées dans deux cours d’eau à Lomé, découverte consécutive à plusieurs jours de manifestations fin juin, a annoncé le parquet à la télévision publique dimanche 6 juillet.
Jusque-là les autorités n’avaient pas donné de bilan chiffré mais évoqué des morts « par noyade ». L’opposition et la société civile avaient fait état de sept morts, tous repêchés à Lomé, qu’elles imputent aux forces de l’ordre.
Comme Amnesty International, elles ont demandé cette semaine l’ouverture d’enquêtes, évoquant également des blessés, des arrestations et des cas de mauvais traitements par les forces de l’ordre et des « miliciens » contre des manifestants.
En juin, deux vagues de manifestations ont eu lieu au Togo contre les arrestations d’opposants au gouvernement, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle de 2024 permettant au chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, de consolider son pouvoir.
Ouverture d’une « enquête judiciaire »
Fin juin, « deux corps ont été découverts et repêchés dans le quatrième lac d’Akodésséwa aux alentours de 10 heures », a déclaré le procureur de la République, Talaka Mawama, précisant qu’il s’agissait de deux hommes béninois de 23 ans et 25 ans. « Le constat a conclu à une mort par noyade qui remonterait à quarante-huit heures, soit avant le début de la série de manifestations », a-t-il dit à la Télévision togolaise, média d’Etat.
Le même jour, dans la lagune de Bè, deux corps ont été repêchés dont celui d’un élève de troisième et d’un adolescent de 15 ans. Plus tard, un Gabonais de 21 ans, « mort par noyade », a été retrouvé dans cette même lagune. « Sur l’ensemble de ces corps découverts durant la période indiquée, une enquête judiciaire a déjà été ouverte contre X et elle est en cours », a ajouté Talaka Mawama.
Nouvelles manifestations
Début juin lors des premières manifestations, 114 personnes ont été arrêtées, dont « 87 ont été à ce jour mises en liberté », déclare M. Mawama. Dix-huit d’entre elles ont été reconnues coupables de « troubles aggravés à l’ordre public », puis condamnées à douze mois de prison dont onze avec sursis. « Neuf autres font l’objet d’une information judiciaire » et sont aussi en détention.
Le procureur de la République a notamment justifié les arrestations en expliquant que les forces de l’ordre « ont été violemment prises à partie par les manifestants, qui se sont attelés à leur jeter des projectiles ou à les agresser directement ».
Vendredi 4 juillet, un nouvel appel à manifester contre le pouvoir a été lancé par les organisateurs des contestations de juin. Les manifestations sont prévues les 16 et 17 juillet : le deuxième jour correspond aux élections municipales, dont le report a été demandé par d’importants partis d’opposition et par la société civile.