La chair n’exulte pas, au Théâtre de l’Atelier, dont la saison, portée haut par sa directrice, Rose Berthet, vient de s’ouvrir sur un geste radical assumé avec une franche netteté par deux femmes. A la barre d’un spectacle offensif qui n’admet aucune demi-mesure, Ovidie, ancienne actrice du cinéma pornographique, aujourd’hui journaliste, documentariste, autrice qui adapte et met en scène son texte, La chair est triste hélas, paru en 2023 aux éditions Julliard. Et l’ex-mannequin Anna Mouglalis, une comédienne qui ne fait pas mystère de ses engagements féministes. Deux femmes, donc, qui en savent long sur les torsions imposées à un corps qui se doit d’être au garde-à-vous devant les fantasmes masculins. Un commando de choc au service d’un propos sans nuance qui est à prendre. Ou à laisser.
Voilà six ans qu’Ovidie a décidé de faire la grève du sexe (avec les hommes, s’entend), tournant ainsi le dos à des relations charnelles opprimantes, dégradantes, sclérosantes, qui l’ont précipitée dans un réduit psychologique où sa féminité n’était que soumission. Elle ne couche plus avec les hommes. Elle dit pourquoi, elle ne fait même que ça : dénoncer cet ennemi et nommer le carnage opéré, son propre corps pénétré, colonisé, asservi, prêt à se mutiler pour plaire, à ne pas jouir pour satisfaire, à s’oublier pour honorer le partenaire.
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