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Histoires Web vendredi, mai 16
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Installer Argan, le « malade imaginaire », sur la cuvette des toilettes, dans une salle de bains carrelée de blanc où s’entassent des boîtes de médicaments suffit-il à propulser la pièce de Molière dans une modernité qui saura ferrer le jeune public contemporain ? A en juger par la réception enthousiaste des spectateurs présents au Théâtre de la Concorde à Paris, où se joue le spectacle mis en scène par Tigran Mekhitarian, la réponse est oui. Et plutôt trois fois qu’une, pour deux adolescentes assises en fond de salle qui, dans une surprenante confusion entre le personnage et l’acteur, ont salué par de répétitifs et retentissants « putain, oh putain » les faits et gestes des comédiens en scène. Des réactions qui laissent songeur, le théâtre n’étant pas, d’ordinaire, le lieu des commentaires à voix haute et en temps réel du public.

Alors que cette ultime pièce de Molière (qui meurt le 17 février 1673, sept jours après avoir lui-même créé le rôle d’Argan) paraissait plus ou moins indissociable de son contexte originel, Tigran Mekhitarian ne fait la révérence ni à l’agonie de l’auteur ni au lointain XVIIe siècle. C’est son droit. Exit les ombres crépusculaires et les portées testamentaires de la comédie-ballet. Il rapatrie le propos dans un présent revendiqué où les percussions offensives du compositeur Sébastien Gorki et les vers parfois slamés remplacent la musique baroque de Marc-Antoine Charpentier, où une actrice tire une valise à roulettes et où les costumes d’époque disparaissent au profit de vêtements d’aujourd’hui. A commencer par l’ensemble vert ultraslim que porte le metteur en scène : Tigran Mekhitarian incarne lui-même le « malade imaginaire ».

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