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Histoires Web dimanche, avril 28
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« Venez danser avec nous ! » A peine entré dans le Théâtre Antoine, à Paris, le public est invité à monter sur scène pour participer au bal des élèves de Welton, ce pensionnat pour garçons, austère et traditionaliste, cadre de l’intrigue du Cercle des poètes disparus. Nous sommes en 1959 aux Etats-Unis, l’uniforme est de rigueur et la jeunesse découvre le rock’n’roll. Après quelques hésitations devant cette proposition inhabituelle, quelques dizaines de spectateurs se mêlent aux comédiens et se déhanchent avec plaisir. Cette mise en bouche enjouée donne le « la » d’un spectacle hardi et rythmé.

Quelle belle surprise que cette adaptation du film de Peter Weir dans lequel excella Robin Williams (1951-2014). Lors de sa sortie en France, en 1990, cet « hymne à la vie », comme était alors titrée la critique du Monde, attire 6,5 millions de spectateurs et décroche, en 1991, le César du meilleur long-métrage étranger. Ce groupe d’adolescents de bonne famille s’ouvrant à leurs désirs profonds grâce à John Keating, un professeur charismatique qui veut faire d’eux des libres-penseurs, est resté dans les mémoires. Trois décennies plus tard, le charme de cet enseignant anticonformiste et l’émotion suscitée par cette quête d’émancipation opèrent encore.

Le mérite en revient à l’adaptation fidèle de Gérald Sibleyras, qui a su transposer le formidable texte de Tom Schulman (Oscar du meilleur scénario original en 1990), et à la mise en scène à la fois fluide et enlevée d’Olivier Solivérès. Devant un tableau noir qui occupe tout le fond de scène, le récit tournoie grâce à des bureaux d’écolier montés sur roulettes et des fondus au noir nous emmènent dans la grotte, ce refuge protecteur dévolu à la poésie et à la liberté, où les adolescents laissent libre cours à leur imagination.

Trois générations de spectateurs

La troupe des six jeunes comédiens, qui interprètent les élèves avec fougue et complicité, concourt à la réussite de ce spectacle. On pardonnera à certains d’être, ici ou là, dans un sentimentalisme excessif, tant le groupe dégage une belle énergie. Il y a Charlie Dalton, l’affranchi (Audran Cattin) ; Todd Anderson, le timide (Hélie Thonnat) ; Richard Overstreet, l’amoureux (Maxime Huriguen) ; Gary Cameron, le bon élève rapporteur (Maxence Seva) ; Steven Meeks, le débonnaire (Pierre Delage), et Neil Perry, l’idéaliste (Ethan Oliel), qui préférera mourir plutôt que renoncer, sous l’injonction de son père autoritaire, à sa passion du théâtre. Quant à Stéphane Freiss, il reprend avec sincérité et subtilité le rôle du professeur Keating, incarné autrefois par l’inoubliable Robin Williams. Sans chercher à le copier, il trouve avec justesse sa propre partition, même s’il nous manque parfois la grande sensibilité et le grain de folie du si touchant et mélancolique acteur américain.

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