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LETTRE DE N’DJAMENA

L’étendard tchadien fièrement déployé, Nassour Ali Kendy contemple le soleil couchant depuis la falaise qui surplombe les chutes Gauthiot, au cœur du parc national de Zah Soo (sud-ouest du Tchad). Leur modeste dénivelé de 45 mètres n’entame en rien son enthousiasme. « C’est notre joyau caché ! », s’exclame le coordinateur de Chad Volunteers Organization, une association de promotion du patrimoine naturel baptisée dans la langue de Shakespeare avec l’espoir très hypothétique de faire du pays une destination touristique internationale. Derrière lui, une vingtaine de randonneurs prennent la pose en tee-shirt turquoise floqué du slogan « Ça aussi c’est nous ». Comprendre : le Tchad, ce n’est pas que le désert et la guerre.

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Depuis son indépendance en 1960, le pays, stratégiquement situé au carrefour du Sahel et de l’Afrique centrale, a été sans discontinuer le théâtre de conflits et le terrain de jeu de rébellions armées. Une histoire qui lui a collé une image guerrière et violente, peu rassurante pour d’éventuels voyageurs étrangers.

Il y a sept ans, Nassour Ali Kendy et son équipe se sont donné pour mission de contrebalancer cette sombre réputation. « Nous avons eu la chance d’étudier au Kenya et en Afrique du Sud, où le safari est une activité répandue et le tourisme, une véritable manne financière, raconte le contrôleur aérien de 35 ans. On s’est dit : “pourquoi pas chez nous ?” »

En termes de paysages et de faune, le Tchad regorge de potentialités avec ses parcs nationaux peuplés de girafes et d’éléphants, la réserve de l’Ennedi, classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, des lacs où barbotent encore quelques lamantins rescapés du braconnage… « On a tout mais personne ne le sait, pas même les Tchadiens ! », déplore Nassour Ali Kendy.

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Des influenceurs et du rap à plein volume

L’association s’est entourée d’une armée d’influenceurs équipés de smartphones dernière génération, de batteries externes (la zone est presque totalement dépourvue d’électricité) et d’un drone pour inonder leurs réseaux d’images positives. « Dès qu’on capte, je vais bombarder sur TikTok et Facebook ! », confie Mahamat Soukaya, l’un des membres de l’équipe, enchaînant les selfies à un rythme effréné.

Au Tchad comme ailleurs, les influenceurs sont issus d’une jeunesse urbaine aisée, un peu en décalage avec l’environnement du parc naturel. Ils commencent leur randonnée boueuse en bazin immaculé et font cracher du rap à plein volume à leurs enceintes, tout en s’étonnant de ne pas rencontrer d’animaux sauvages.

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