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Depuis novembre 2023 et l’annonce par les ministres de la défense des deux pays d’un déploiement de 200 soldats hongrois au Tchad, une nouvelle langue est venue se mêler au français et à l’anglais dans les couloirs des grands hôtels de N’Djamena, la capitale tchadienne. Le Parlement à Budapest avait alors défini les contours officiels de cette mission militaire – renforcer les capacités de l’armée tchadienne et soutenir la lutte contre le terrorisme – tout en laissant les modalités du déploiement de troupes dans le flou. La date de leur arrivée pourrait néanmoins se préciser sous peu alors que des délégations de diplomates et d’officiers hongrois font de plus en plus régulièrement la navette entre les deux capitales.

Dans cette attente, la Hongrie dévoile une batterie de projets de développements dans des secteurs aussi divers que l’approvisionnement en eau, la fabrication de lunettes de vue ou la transformation de lait de chamelle. Des projets notamment financés par un prêt de 200 millions d’euros, annoncé lors de la visite du président Mahamat Idriss Déby dans la capitale hongroise en septembre. En novembre, la diplomatie hongroise a même prévu de réunir à N’Djamena les envoyés spéciaux pour le Sahel des Etats membres de l’Union européenne (UE).

« Un pays-clé dans la lutte contre l’immigration »

En toile de fond de cette nouvelle relation avec N’Djamena, la volonté de Viktor Orban de renforcer la lutte contre l’immigration illégale, dont il a fait son cheval de bataille pour sa présidence de l’UE. « Le Tchad est un pays clef dans la lutte contre l’immigration illégale, a déclaré le premier ministre hongrois sur son compte X au terme de la visite du président tchadien. Les migrations venues d’Afrique vers l’Europe ne peuvent pas être arrêtées sans les Etats du Sahel. »

La première intention de Budapest était d’engager cette lutte à partir du Niger, mais le coup d’Etat de juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum l’a incité à se tourner vers N’Djamena. Le Tchad n’est pourtant ni un pays de départ ni un pays de transit important pour les migrants venus d’Afrique subsaharienne, mais la Hongrie le considère comme un pôle de stabilité permettant de rayonner dans la région.

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Alors qu’elles sont souvent opposées sur les questions européennes, l’analyse hongroise converge ici avec celle de la France, qui, après l’expulsion de ses soldats du Mali, du Burkina Faso et du Niger, veut à tout prix éviter la déstabilisation de son dernier allié au Sahel.

L’arrivée de ce nouvel acteur a d’abord suscité une évidente méfiance dans les chancelleries occidentales en raison de la proximité entre Viktor Orban et le président russe, Vladimir Poutine, dans un contexte où la Russie ne cesse d’étendre son influence dans la région. « C’est tout simplement absurde que la Hongrie puisse représenter les intérêts russes ou de n’importe quel autre pays dans le Sahel », a contesté sur son compte X Mathé Laszlo Eduard, l’envoyé spécial hongrois pour la région.

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