Le gouvernement américain a formellement accusé mardi 7 janvier les Forces de soutien rapide (FSR) d’avoir commis un « génocide » au Soudan et a imposé des sanctions contre le chef du groupe paramilitaire.
La qualification de « génocide » a été établie sur la base d’informations faisant état du meurtre « systématique » d’hommes et de jeunes garçons, ainsi que de viols ciblés de femmes et de jeunes femmes « du fait de leur origine ethnique », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, dans un communiqué. C’est la neuvième fois que le gouvernement américain parle de génocide, la première correspondant à la Shoah, durant la seconde guerre mondiale.
Depuis, les Etats-Unis ont parlé de génocide en Bosnie-Herzégovine, au Rwanda, en Irak, dans la région soudanaise du Darfour, ainsi que lors d’attaques visant des minorités, comme celles de l’Etat islamique contre les yézidis, celles ayant visé la minorité musulmane Rohingya, en Birmanie, ou le traitement infligé aux Ouïgours par la Chine.
Les Etats-Unis ont ratifié la Convention des Nations unies (ONU) pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui impose notamment aux Etats signataires de punir les responsables d’un génocide. Washington a également annoncé une série de sanctions visant le patron des FSR, Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », pour « son rôle dans les atrocités systématiques commises contre le peuple soudanais ».
« Responsabilité » des deux camps
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU définit celui-ci comme des « actes commis dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». La guerre, qui a éclaté en avril 2023 entre l’armée soudanaise et les FSR, a fait basculer le pays dans la famine.
Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Plus de 8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, ce qui, en plus des 2,7 millions de personnes déplacées avant la guerre, a provoqué la plus grande crise de déplacement interne au monde. Selon l’ONU, plus de 30 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont besoin d’aide après vingt mois d’une guerre dévastatrice.
« Les Etats-Unis ne soutiennent aucun des deux camps et nos actions contre les FSR ou “Hemetti” ne signifient pas un soutien en faveur des forces armées soudanaises, a tenu à préciser le secrétaire d’Etat. Les deux belligérants portent la responsabilité des violences et souffrances » dans le pays.
De son côté, le département du Trésor justifie les sanctions contre « Hemetti » par son rôle de « belligérant principal » et par le fait que « les crimes de guerre et atrocités » relevés par les Etats-Unis ont été commis sous son commandement. « “Hemetti” porte une responsabilité majeure par son commandement concernant les actions odieuses et illégales de ses forces », a ajouté le département du Trésor.
Sont également sanctionnées sept entreprises ayant partie liée avec les Forces de soutien rapides (FSR) et accusées de participer à leur financement et à l’achat d’équipements militaires, et ainsi « poursuivre le conflit au Soudan ».
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Les sanctions entraînent un gel des avoirs détenus directement et indirectement par les personnes et les entreprises visées ainsi que l’interdiction pour les entreprises et les citoyens américains de commercer avec les sanctionnés. Elles limitent également la possibilité pour « Hemetti » et les entreprises concernées d’utiliser le dollar dans leurs transactions, au risque de voir les entreprises qui recevraient de tels paiements tomber à leur tour sous le coup de sanctions.
La guerre a éclaté en avril 2023 quand l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, a tenté d’intégrer les FSR de son ancien allié et adjoint « Hemetti ».