Meilleures Actions
Histoires Web lundi, novembre 18
Bulletin

Le soleil se hisse au-dessus du mur d’enceinte et inonde la cour de l’hôpital. Ses rayons viennent réveiller les familles endormies au pied du bâtiment, sur les coursives ou sous les arbres, allongées sur des tapis ou à même le sol. La quiétude du sommeil laisse place à l’appréhension, qui se dessine peu à peu sur les visages. Chacun ici attend un proche soigné à l’intérieur.

Moussa, 20 ans, dans un café de rue en face de l’hôpital Al-Naw, à Omdourman (Soudan), le 26 octobre 2024. « Il y a presque un an, les RSF m’ont tiré une balle dans la jambe. Depuis, j’ai été opéré cinq fois », dit-il.

Vers 8 h 30, des explosions se font entendre au loin. Les détonations interrompent les pleurs d’un bébé. Pour les adultes, ces tirs font désormais partie du quotidien. Chaque matin, la guerre gronde dans la capitale du Soudan après une accalmie nocturne. Devant les urgences, c’est un va-et-vient de fauteuils roulants, de vieillards claudiquant sur leurs béquilles, d’infirmiers qui se hâtent les bras chargés de poches de sang.

Lire l’épisode 1 de notre série | Article réservé à nos abonnés Guerre au Soudan : à Khartoum, capitale dévastée, la mort frappe à chaque coin de rue

L’hôpital universitaire Al-Naw est l’un des seuls établissements publics encore fonctionnels d’Omdourman, la ville qui jouxte Khartoum au nord-ouest du Nil. Haut de deux étages, d’une capacité d’environ 200 lits, il est loin d’être un hôpital de premier rang. Il est toutefois en première ligne depuis le début de la guerre le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) – l’armée régulière – et la milice des Forces de soutien rapide (FSR).

En quelques minutes, tout s’accélère. Une clameur annonce l’arrivée de blessés. Il n’a pas fallu longtemps pour que le tir d’artillerie entendu plus tôt charrie ses victimes. Transportés en tuk-tuk jusqu’aux portes de l’hôpital, deux blessés – un enfant et une femme âgée – et le corps d’un homme déjà mort pénètrent dans les urgences. L’obus est tombé sur un terrain de terre battue dans le quartier de Thawra 38, à quelques encablures de l’hôpital.

Un système de santé à genoux

Le gamin de 13 ans est hissé sur un brancard, la jambe droite presque sectionnée au niveau du tibia. Malgré le sang qui gicle abondamment, Hamid reste conscient et calme. La morphine aide sûrement. Il jouait au foot quand une roquette s’est abattue près du poteau de corner. A ses côtés, la femme a les yeux qui roulent dans leurs orbites quand les médecins désinfectent ses plaies béantes. Son épaule droite a été déchiquetée par l’explosion.

Hamid Al-Nazir, 13 ans, blessé par un tir de mortier, aux urgences de l’hôpital Al-Naw, à Omdourman (Soudan), le 26 octobre 2024. Hamid Al-Nazir, 13 ans, blessé par un tir de mortier, aux urgences de l’hôpital Al-Naw, à Omdourman (Soudan), le 26 octobre 2024.

La grand-mère ne dit rien, usant toute son énergie pour rester en vie. Autour d’elle, c’est la mêlée. Plus de cinquante personnes se pressent dans les urgences, des blouses blanches, des proches, se faufilent difficilement d’un patient à l’autre. « Chaque jour on reçoit des blessures graves, des enfants, des femmes, des personnes âgées, dues aux bombardements aveugles sur les civils. Ce matin, c’est presque calme », confie le docteur Saddiq Al-Tayyeb, qui vient placer le jeune Hamid sous perfusion. Le petit a besoin d’être opéré en urgence. « Mais il va devoir attendre. Pour le moment, nous n’avons pas le personnel pour une chirurgie orthopédique et vasculaire », déplore-t-il.

Il vous reste 75.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.