A 6 h 14, dimanche 25 mai, le premier train de Great British Railways (GBR), la nouvelle entité publique en charge du rail au Royaume-Uni, devait quitter la gare de Waterloo à Londres en direction de Shepperton, une cité du Surrey, au sud-est du pays. Ses locomotives, dévoilées jeudi par la ministre des transports Heidi Alexander, seront les premières à arborer le logo rouge, blanc et bleu de GBR.
Ce trajet inaugural marque la nationalisation de South Western Railway, qui opère 1 600 trains quotidiens dans le sud-ouest de l’Angleterre, selon son site internet. Co-détenu par First Group, une société cotée à la bourse de Londres, et MTR, l’exploitant du métro hongkongais, le groupe ferroviaire est le premier à retourner dans le giron de l’État, dans le cadre d’un processus initié par le gouvernement travailliste. Il sera suivi fin juillet par C2C, dans l’Essex, et à l’automne par Greater Anglia, à l’est du pays, a annoncé le Département du Transport.
Concrétisant une promesse électorale, les travaillistes ont prévu de nationaliser les dix entreprises qui font tourner le système ferroviaire anglais d’ici octobre 2027. Une loi adoptée fin 2024 leur permet de reprendre le contrôle sur ces entités lorsque leurs contrats avec le gouvernement expirent. A terme, elles seront consolidées au sein de Great British Rail, dont les contours précis restent à définir.
Fragmentation du réseau ferroviaire
« Cela permettra de créer un acteur unique qui pourra superviser l’ensemble du système, note Andrew Cumbers, professeur d’économie politique et spécialiste du rail à l’université de Glasgow. Actuellement, les chemins de fer sont gérés par différentes entités privées et publiques qui ne contrôlent chacune qu’une petite parcelle de l’ensemble. » Cette fragmentation remonte à 1996, lorsque le premier ministre John Major a privatisé les chemins de fer britanniques.
« Le réseau de voies ferrées a été divisé en segments régionaux dont la gestion a été confiée à plus de 100 entreprises privées, relate-t-il. Le matériel roulant est détenu par des sociétés de leasing et loué à ces opérateurs. » Les infrastructures – les rails, les signaux et les gares – sont du ressort de l’État, depuis que la société en charge de leur maintien, Railtrack, a fait faillite en 2001. « Ce système était censé favoriser la compétition entre opérateurs, mais cela n’a jamais fonctionné, car chacun avait un monopole naturel sur ses tronçons régionaux », dit Andrew Cumbers. Ces sociétés ont en outre chroniquement sous-investi dans leurs opérations.
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