Cinq mois après être entré à Downing Street, le premier ministre Keir Starmer tente déjà de relancer un mandat enlisé. Après avoir énoncé « cinq missions » pour son futur gouvernement en 2023, quand il cherchait encore ses marques comme chef de file du Labour, puis « cinq premiers pas » en juin durant la campagne des législatives, jeudi 5 décembre, le dirigeant s’est fixé six nouveaux « objectifs » jusqu’aux prochaines élections parlementaires (théoriquement, en 2029). Depuis les fameux studios de cinéma Pinewood, à l’ouest de Londres, où furent tournés plusieurs James Bond, Keir Starmer s’est engagé « à augmenter le niveau de vie des Britanniques partout dans le pays », à recruter 13 000 policiers supplémentaires, à construire 1,5 million de nouveaux logements ou à réduire à moins de dix-huit semaines les temps d’attente pour des traitements au NHS (le système de santé public) pour « au moins 92 % des personnes ».
« Nous voulons nous adresser aux réelles préoccupations des travailleurs, ce plan pour le changement est le plus ambitieux depuis une génération », a déclaré Keir Starmer, rappelant l’héritage « impardonnable » des gouvernements conservateurs qui l’ont précédé, notamment en matière migratoire – avec près d’un 1 million d’arrivées nettes au Royaume-Uni entre juin 2022 et juin 2023. Même si Downing Street s’en défend, l’exercice a tout du « reset », pour tourner la page d’un début de mandat raté. Depuis juillet, Keir Starmer et ses ministres ont en effet multiplié les faux pas, acceptant sans compter des dons en nature (vêtements, billets de concert, etc.), supprimant une subvention à l’énergie pour 11 millions de retraités ou présentant un projet de budget avec des hausses historiques d’impôts dont le Labour s’était gardé de parler pendant la campagne des législatives. Selon un sondage Ipsos rendu public mercredi 4 décembre, 53 % des personnes interrogées sont « déçues » de l’action du cabinet Starmer.
Le gouvernement Starmer entend aussi tirer au plus vite les enseignements de l’échec des démocrates (un parti dont le Labour est historiquement proche) à l’élection présidentielle américaine. Malgré le dynamisme économique des Etats-Unis, les électeurs ont d’abord voté pour une restauration de leur pouvoir d’achat et un contrôle de la migration. « Nous voyons ce qui s’est passé avec les démocrates. Les futures élections se présentent plutôt mal pour le Parti social-démocrate allemand. En Australie, les choses ne seront pas simples pour le Labour du premier ministre Anthony Albanese, en 2025. Notre gouvernement Labour ne veut pas ne durer qu’une seule législature, nous sommes déjà concentrés sur ses chances de succès aux prochaines élections », explique Jonathan Ashworth, ex-ministre du cabinet fantôme de Keir Starmer, qui préside désormais Labour Together.
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