Michèle Cals se souvient de Joël Le Scouarnec poussant la porte de son bureau à l’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime), comme s’il entrait au confessionnal. La scène remonte à 2008 : elle était alors directrice de l’établissement et venait de recruter le chirurgien. « Il venait m’annoncer avoir été condamné trois ans plus tôt pour visionnage de films pornographiques », commence Mme Cals, 81 ans, devant la cour criminelle de Vannes. La présidente, Aude Buresi, la coupe : « Visionner des films pornographiques n’est pas illégal, madame. » L’autre reste interloquée. Silence. « Ce ne serait pas plutôt des films pédopornographiques ? », relance Aude Buresi. Nouveau silence. « La pédopornographie, ce sont des adultes qui violent des enfants », continue la magistrate. L’ancienne directrice finit par hocher la tête : « Ça doit être ça. » Elle se rappelle bien, en tout cas, que le chirurgien lui avait confié à l’époque avoir agi par détresse, après une séparation avec sa femme. Et il avait prévenu la directrice : elle allait recevoir un appel des institutions médicales à ce sujet.
Mais personne n’avait jamais contacté Michèle Cals, ni le conseil départemental de l’ordre des médecins, ni les agences locales de santé, ni le ministère, tous au courant du casier judiciaire de sa nouvelle recrue. Au contraire, « j’avais le feu vert », raconte l’ex-directrice, lundi 19 mai, y compris de l’hôpital de Quimperlé (Finistère), le poste précédent de Le Scouarnec, dont le directeur avait joint un satisfecit vibrant à son dossier de candidature. Pourtant, lui aussi savait.
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