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Histoires Web mardi, décembre 3
Bulletin

Stéphane Babonneau et Antoine Camus ont beaucoup, beaucoup parlé, depuis l’ouverture du procès. Ils ont posé bien plus de questions que les avocats généraux. Ce sont eux qui se sont battus, face à la défense, face au président de la cour criminelle du Vaucluse, pour obtenir que les vidéos soient diffusées publiquement, et non à huis clos. On s’est accroché au calme et à la rationalité de leurs interventions quand les débats devenaient brutaux ou délirants. Les avocats de parties civiles ont rarement le premier rôle aux assises ou en cour criminelle ; au procès des viols de Mazan, ce fut le cas.

Une dernière fois, mercredi 20 novembre, les deux avocats de Gisèle Pelicot ont eu la parole. Une heure chacun, le temps de plaider de la même manière qu’ils avaient traversé l’audience : sobres, subtils, élevant le débat sans hausser le ton.

Antoine Camus s’est levé en premier, et s’est d’abord réjoui que sa cliente ait renoncé au huis clos. Oui, il fallait « ouvrir les portes de cette salle, inviter la société tout entière à se saisir de ce dossier, faire de nos débats le terreau d’une prise de conscience, d’un changement des mentalités, d’un avenir meilleur qui romprait enfin avec une violence que l’on voudrait d’un autre âge. Comment en France, en 2024, une femme peut-elle encore subir ce qui a été infligé à Gisèle Pelicot pendant au moins dix ans ? Comment en France, en 2024, peut-on trouver 50 individus sur un rayon de 50 km pour profiter sexuellement, sans le moindre échange, d’un corps qu’on croirait mort et qu’il faut rouler sur lui-même pour le mouvoir ? »

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Ouvrir les portes de cette salle aura aussi permis, a-t-il souligné, de « donner à voir la manière dont on défend encore le viol, en France, en 2024 » : Gisèle Pelicot a été bousculée, rudoyée, humiliée à l’audience par les avocats des coaccusés, qui ont parfois suggéré une connivence avec Dominique Pelicot. Mardi encore, certains lui attribuaient une responsabilité directe dans la dérive de son ex-mari, l’accusant ne pas avoir su en interpréter les premiers « signaux ». Il a encore été sous-entendu qu’elle n’avait pas pu ne s’apercevoir de rien pendant dix ans. Me Camus a dénoncé « une forme de maltraitance de prétoire » : « Certaines stratégies de défense n’ont plus leur place dans une enceinte judiciaire en France, au XXIe siècle. Si la défense est libre, elle dit aussi ce que nous sommes. »

« Le libre arbitre » des accusés

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