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A la brigade des mineurs de Marseille, on les avait baptisés « Tic et Tac », deux jumeaux professionnels arrivés ensemble à l’automne 2018. Ils partageaient le même bureau, le même engagement dans la protection de l’enfance et même de l’amitié. Devant la cour criminelle des Bouches-du-Rhône, tout désormais les oppose. Julien P. occupe le box des accusés, détenu depuis quatre ans, jugé pour des viols commis en 2018 sur deux gamins des rues de Manille et pour la détention de milliers d’images pédopornographiques. A l’ouverture de son procès, lundi 1er septembre, l’ex-policier s’est déclaré coupable de toutes les accusations retenues contre lui.

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Christophe A. est, lui, à la barre des témoins, mardi. Il raconte comment il a « démasqué un pédophile infiltré » au sein du service, mais il ne contient pas ses larmes lorsqu’il explique le prix qu’il a payé pour « avoir fait le travail ». Seul contre tous au point de devenir « un paria », « celui qui a mis le bazar dans cette affaire ». Même lorsque Julien P. avait été incarcéré, aux yeux de certains collègues, il était encore « le délateur ».

Christophe A. énumère les alertes qui ont transformé le doute en certitude. En février 2020, Julien P., qui est aussi président de l’ONG Virlanie France, dont la mission est l’aide aux enfants des rues à Manille, poste sur la boucle WhatsApp de son groupe d’enquêteurs la photo d’un enfant philippin, fier de montrer un dessin censé représenter un paysage de montagne. Mais, à y regarder mieux, l’image qui s’affiche sur les écrans de la cour montre une femme allongée, les jambes écartées. Sur son compte Facebook, Julien P. diffuse des photos de plages ou de randonnées naturistes dans les calanques. « J’ai des doutes, des choses m’intriguent, mais ma cheffe de groupe me dit qu’il fait bien ce qu’il veut dans le privé », explique Christophe A.

« Intouchable »

Le déclencheur de l’affaire, ce sont des messages tendancieux écrits en « mode ado » que, tard le soir, Julien P. adresse à un garçon de 17 ans amené à la brigade car il voulait déposer plainte pour un viol dans un squat – des images ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Les SMS du policier alertent la directrice du foyer qui héberge le jeune homme, mais la hiérarchie de Julien P., elle, ne s’alarme pas, tout en décelant « un début de drague ». Mais, après tout, le jeune de 17 ans est majeur sexuel, « pénalement, il n’y a rien à reprocher et ce n’est pas le premier policier qui envoie un texto à un témoin », tranche la cheffe de groupe.

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