La situation aurait de quoi vous rendre fou. Ça commence par une convocation à la gendarmerie, ce qui inquiète toujours un peu. Mais de quoi pourrait-il s’agir ? Un feu rouge grillé ? Un problème avec les voisins ? Au téléphone, le gradé se montre mystérieux. En insistant un peu, quelques indices sont distillés : l’histoire remonterait à l’enfance, elle se serait passée dans un cadre médical. « Vous pourriez avoir été victime », lâche-t-il. Et le jour J, à la gendarmerie, la vie se casse en deux.
A travers toute la France, à la fin des années 2010, des centaines de personnes ont brutalement appris avoir subi un viol ou une agression sexuelle commis par le docteur Joël Le Scouarnec, pendant une hospitalisation, dix ans, vingt ans, trente ans plus tôt. La grande majorité des victimes présumées étaient mineures au moment des faits. Elles ont toutes été identifiées grâce à un journal intime dans lequel le chirurgien consignait ses crimes sexuels, par nom, date de naissance et lieu. Devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, où Joël Le Scouarnec comparaît depuis le 24 février, les quatre premières victimes – sur 299 au total – ont été auditionnées. A les entendre, on entrevoit déjà ce qui se dessine pour la suite des audiences : le chirurgien a reconnu les viols qu’il niait jusque-là, un tournant dans le procès. « Il s’est dépouillé de tout, l’orgueil, le mensonge », affirme Maxime Tessier, un de ses deux avocats.
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