Elle trône sur la table de l’huissier de justice, à portée de mains du pupitre où défilent, depuis le 8 septembre, des dizaines de témoins. Au procès de Frédéric Péchier, anesthésiste accusé de 30 empoisonnements entre 2008 et 2017 à Besançon, la boîte de mouchoirs se vide aussi vite que coulent les larmes.
Pour l’avocat de la clinique Saint-Vincent, Me Douchez, la cour d’assises du Doubs juge actuellement « la plus grande affaire criminelle médicale de l’histoire » du pays. Si la culpabilité du médecin reste débattue, l’existence d’un tueur en série vêtu d’une blouse blanche n’est plus contestée par la défense, bien au contraire. Un revirement marquant après huit années de constantes dénégations, acté vendredi 24 octobre par l’avocat du prévenu, Me Randall Schwerdorffer, « certain que quelqu’un – un homme ou une femme – a empoisonné des patients à Saint-Vincent ». Sur les seize cas suspects examinés jusqu’à présent, le camp Péchier admet l’existence de neuf actes malveillants.
Au total, douze assassinats et dix-huit tentatives d’assassinats présumés pèsent dans la balance. Le jury a jusqu’à mi-décembre pour se forger une intime conviction, mais celle des anciens collègues de l’accusé semble déjà gravée dans le marbre. A la barre, l’émotion les rattrape systématiquement, suivie de près par les remords. Ne pas avoir vu, ne pas avoir compris, ne pas avoir enrayé à temps cette funeste série.
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