Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, octobre 16
Bulletin

Après les réquisitions, c’était au tour de la défense de prendre la parole, jeudi 16 octobre, au procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse, Delphine. Lors d’une plaidoirie de plus de trois heures, Emmanuelle Franck, une des avocats de l’accusé, a demandé aux jurés de la cour d’assises du Tarn d’être « les derniers remparts de ce cirque judiciaire » en acquittant son client.

Cette affaire, c’est « la chronique d’un désastre judiciaire annoncé », a lancé l’avocate, insistant pour faire comprendre que Cédric Jubillar « ne sait plus comment dire qu’il est innocent (…). Il a mis depuis quatre ans le pied dans une machine à broyer ».

« Tant que je plaide je continue à le défendre (…), mais je vais me taire car c’est seulement dans le silence et le recueillement que vous pourrez mettre fin à ce cauchemar », a-t-elle ajouté.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au procès de Cédric Jubillar, le réquisitoire : « Dissimuler un corps doit-il faire échapper à toute responsabilité ? »

Parmi les angles d’attaque de l’avocate, les manquements de l’enquête – « Rien de pire que des gendarmes qui ont des certitudes de bonne foi mais qui, pour combler les vides, font des choses de mauvaise foi » – et plusieurs éléments du dossier : l’attitude de Cédric Jubillar, le cri entendu par les voisines, la téléphonie, jetant le discrédit sur chacun de ces points. « On essaie de faire rentrer des ronds dans des carrés », a-t-elle notamment assené.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au procès de Jubillar, le naufrage d’un gendarme qui reconnaît avoir « fait une erreur dans les copiés-collés »

« Il faut être sûr et certain, et peut-on l’être ? »

Alors que parties civiles et avocats généraux ont estimé qu’un « pétage de plombs » de l’accusé a pu conduire au meurtre de l’infirmière de 33 ans, Me Franck affirme : « Un pétage de plombs, c’est ce qu’on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu’on ne contrôle rien, on éclabousse tout ». Or, rappelle-t-elle, il n’y a aucune trace.

Au sujet des enfants du couple Jubillar, Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans, elle regrette l’utilisation par l’accusation de la parole de l’aîné, qui n’avait alors que 6 ans. « Derrière ce procès spectacle, il y a deux invisibles qui attendent, deux orphelins de mère », à qui on dit « que papa a tué maman (…). Il faut être sûr et certain pour leur dire cela, et peut-on l’être ? ».

La plaidoirie d’Emmanuel Franck sera suivie, dans l’après-midi, par celle de son associé, Alexandre Martin. Vendredi, la parole sera donnée une dernière fois à l’accusé, qui est resté impassible pendant la plaidoirie du jour.

Les trois magistrats et les six jurés se retireront alors pour délibérer et ensuite rendre leur verdict. Le ministère public a requis trente ans de réclusion criminelle. Sept sur neuf membres de la cour d’assises doivent déclarer Cédric Jubillar coupable, pour qu’il soit condamné. Si trois votent « non coupable », il sera acquitté.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au procès de Cédric Jubillar, l’accusé répète qu’il est « innocent », entre les « je sais pas » et les « je me souviens plus »

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.