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A Saran, dans la banlieue nord d’Orléans, il est 18 heures lorsque Lenye (les personnes qui témoignent sous leur seul prénom ont tenu à rester anonymes) pousse le rideau en velours rose derrière lequel se déroule son cours de pole dance. Vêtue d’un débardeur moulant en viscose, l’alternante en ressources humaines de 24 ans entoure de ses quatre membres la barre qui lie le sol au plafond. Sous le regard de sa voisine, Lenye parvient à réaliser avec brio un « superman », l’une des 5 000 figures répertoriées en pole dance, qui rappelle la position de vol du super-héros. « C’est un sentiment puissant d’y arriver, parce qu’il ne suffit pas de tourner autour de la barre, il faut être bien gainée, et j’en ai bavé, donc je suis fière. »
Loin des boîtes de strip-tease, la pole dance est aujourd’hui enseignée en France dans 8 % des clubs de danse, un chiffre qui croît chaque année, confirme la Fédération française de danse. Figures acrobatiques, inversions… une dizaine de corps minces et ronds, en brassière et en shorty, reproduisent autour d’une barre de métal (pole en anglais), les enchaînements d’Elise Douteau, coach de l’association qui propose chaque semaine des cours.
Pendant l’échauffement résonne Bad Girlfriend, du groupe canadien Theory of a Deadman. L’histoire d’un homme qui se rend dans un club avec ses copains et découvre que sa petite amie est l’une des strip-teaseuses. La pole dance reprend les codes du strip-tease, avec une féminité exacerbée et sexy, mais y ajoute une dimension athlétique. « La pratique a été développée en 1994 par une performeuse, Fawnia Mondey Dietrich, relate Marie Potvain, anthropologue et autrice de plusieurs études sur le sujet. Elle a lancé des vidéos de mouvements à la barre à des fins récréatives et cela a inspiré d’autres danseuses. » En trente ans, la pole dance s’est muée en sport.
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