L’image pourrait sortir tout droit d’une scène de film particulièrement violente. Un camion-citerne qui s’éventre sur une route mal entretenue du Nigeria, son chargement qui fuit, des anonymes qui affluent de toutes parts pour récupérer, à la va-vite, le précieux liquide. Puis une étincelle qui enflamme la scène, tuant des dizaines de personnes. Ce scénario s’est pourtant reproduit à plusieurs reprises, au cours des derniers mois, dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Mi-janvier, l’un de ces accidents a eu lieu dans l’Etat du Niger, sur la route reliant la capitale, Abuja, à la grande ville de Kaduna. L’explosion d’un camion-citerne transportant 60 000 litres d’essence a tué 98 personnes et blessé 69 autres, selon les autorités locales, qui notaient également la destruction d’une vingtaine de boutiques. En octobre 2024, plus de 170 personnes avaient péri dans des circonstances similaires dans l’Etat de Jigawa.
En réaction, le gouvernement a interdit aux camions-citernes de 60 000 litres et plus de circuler à partir du 1er mars, tandis que le président, Bola Tinubu, ordonnait une campagne pour « sensibiliser le public aux risques graves et aux dangers pour l’environnement que représente le ramassage de carburant ». Mais l’on voit mal comment ces mesures pourraient suffire. Le prix de l’essence est devenu un souci majeur au Nigeria. A la faveur de réformes économiques qui ont contribué à plonger le géant d’Afrique de l’Ouest dans sa pire crise économique en trente ans, le prix du litre a été multiplié par cinq, passant de 200 à 1 000 nairas entre mai 2023 et octobre 2024 (11 à 55 centimes d’euros).
Il vous reste 47.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.