Adedeji Olowe pourrait parler pendant des heures, avec passion, des défis que tente de relever Lendsqr, la start-up qu’il a fondée pour améliorer l’accès au crédit au Nigeria. Un véritable casse-tête, commercial et technologique, avec, en toile de fond, les contraintes réglementaires. Mais ce qui lui a « donné des cheveux blancs ces trois dernières années », ce sont les départs constants au sein de son équipe, raconte l’entrepreneur de 47 ans dans un hôtel classieux de Lagos, la vibrante capitale économique nigériane. « Aujourd’hui, j’ai dix ingénieurs en logiciels, et deux vont partir aux Etats-Unis en août, illustre-t-il. L’un d’eux nous a rejoints seulement en décembre 2024. C’est douloureux. »
Depuis des décennies, les Nigérians des classes moyennes et aisées sont partis à l’étranger pour leurs études ou leur carrière. Une émigration légale, loin des gros titres, facilitée par leur bonne maîtrise de l’anglais. Mais le japa (« fuir, s’échapper », en yoruba, l’une des langues nationales), s’est dramatiquement accéléré ces dernières années, notamment au sein du personnel qualifié du pays le plus peuplé d’Afrique (et 6e au monde, avec 228 millions d’habitants). Localement, les chiffres manquent cruellement, mais, selon le département des affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations unies, on comptait 1,4 million de migrants nigérians pour la seule année 2024.
Il vous reste 73.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.