Les violences perpétrées par des groupes djihadistes et des gangs criminels ont fait au moins 10 217 morts depuis l’arrivée au pouvoir du président Bola Tinubu, en mai 2023, dans les Etats de Bénoué, Edo, Katsina, Kebbi, Plateau, Sokoto et Zamfara, dans le centre et du nord du Nigeria, selon une enquête de l’ONG Amnesty International publiée jeudi 29 mai.
« Le président Tinubu doit tenir ses promesses faites aux Nigérians et s’attaquer d’urgence à la résurgence de la crise sécuritaire endémique du pays », a déclaré Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International au Nigeria. « L’escalade récente des attaques menées par Boko Haram et d’autres groupes armés montre que les mesures de sécurité mises en place par son gouvernement ne fonctionnent tout simplement pas », a-t-il ajouté.
Les Etats de Bénoué et du Plateau, situés dans la région centrale de la Middle Belt, sont ceux qui ont enregistré le plus grand nombre de victimes, avec respectivement 6 900 et 2 600 personnes tuées lors d’attaques. Si les Etats du nord sont touchés depuis plusieurs années par les violences de groupes djihadistes et autres groupes criminels, Amnesty souligne une recrudescence des attaques au cours des derniers mois dans cette région et dans le centre du pays.
Série de massacres
Dans le centre du Nigeria, les violences trouvent leurs racines dans des conflits liés au partage des terres entre communautés agricoles sédentaires et éleveurs nomades, sur fond de tensions ethniques et d’accès aux ressources naturelles.
Une série de massacres non élucidés a fait plus de 150 morts, en avril, dans les Etats du Plateau et de Bénoué. Selon Amnesty, des centaines de villages ont été attaqués, incendiés et désertés par leurs habitants.
Les témoignages recueillis par l’ONG font état d’exécutions sommaires, d’enlèvements massifs (souvent de femmes et d’enfants) et de destructions systématiques d’infrastructures de base, comme les écoles, les puits ou les centres de santé.
Dans certaines régions, notamment dans l’Etat de Zamfara, où plus de 630 villages ont été pillés en deux ans, les bandes armées imposent aussi des taxes aux villageois.