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Le régime militaire au pouvoir au Niger va organiser du 15 au 19 février des « assises nationales », censées notamment fixer la durée de la transition ouverte après le renversement du président civil Mohamed Bazoum en 2023. La date des assises a été fixée par le ministère de l’intérieur, dans un communiqué lu à la télévision d’Etat dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 février, qui précise qu’elles se tiendront à Niamey.

En août 2023, peu après sa prise de pouvoir par un putsch, le général Abdourahamane Tiani avait annoncé l’organisation d’un « dialogue national inclusif » qui devait tracer les « axes prioritaires » de gouvernance et fixer la durée de la transition. Il avait à l’époque mentionné une durée maximale de trois ans, mais n’en avait plus reparlé depuis. Début 2024, des concertations se sont tenues dans les huit régions du pays, qui devraient servir de base de travail pour les assises de la semaine prochaine.

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Une commission nationale a par ailleurs été créée par décret présidentiel pour conduire les travaux des assises. Elle devra remettre son « rapport final » au général Tiani début mars. Cette commission, dirigée par Mamoudou Harouna Djingareye, un chef traditionnel, est également composée d’anciens ministres, d’universitaires, de juristes, de militaires, de conseillers du général Tiani, de chefs religieux et de figures de la société civiles.

Elle comporte cinq sous-commissions, dont les thèmes sont notamment « Paix, sécurité, réconciliation nationale et cohésion sociale », « Refondation politique et institutionnelle » ou « Justice et droits de l’homme ».

Des ONG sous surveillance

Par ailleurs, les ONG et associations de développement devront désormais aligner leurs activités au Niger sur la « vision » et les priorités stratégiques du régime militaire au pouvoir depuis le putsch de 2023, selon un arrêté gouvernemental consulté dimanche par l’Agence France-presse (AFP).

Les autorités ont demandé cette semaine au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de quitter le pays. En novembre 2024, elles avaient retiré l’autorisation d’exercer à l’ONG française Acted et à l’association nigérienne Action pour le bien-être (ABPE). A chaque fois, elles n’ont pas précisé les motifs. « Il est créé auprès du ministre de l’intérieur un comité technique chargé de promouvoir la gouvernance des ONG », annonce le ministère dans un arrêté daté de vendredi.

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Ce comité, composé de hauts fonctionnaires et d’experts, aura « pour mission de veiller à l’alignement des interventions » des ONG sur les « quatre axes stratégiques de la vision » du général Abdourahamane Tiani, le chef du régime militaire, explique le ministère.

Parmi ces axes stratégiques, « le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale », « le développement des bases de production pour la souveraineté économique », ou encore « la promotion de la bonne gouvernance » sont cités. Et pour s’assurer qu’elles se conformeront à cette « vision », le comité pourra « suivre » sur le terrain leurs activités ou « exploiter » leurs rapports annuels.

« L’aide n’a jamais développé un pays »

Le régime militaire nigérien arrivé au pouvoir en juillet 2023 par un putsch a fait de la souveraineté nationale l’une de ses priorités. Il a notamment tourné le dos à certains partenaires occidentaux, la France en tête.

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Les « ONG, nous allons les refonder. Le rythme a changé (…), elles n’ont qu’à travailler dans l’esprit des [nouvelles] autorités nigériennes », avait prévenu fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre de l’intérieur et cadre du régime militaire.

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« Les ONG n’ont jamais développé un pays, l’aide n’a jamais développé un pays (…). On peut accepter cette aide, mais il faut qu’elle soit canalisée », avait-il expliqué. « Beaucoup d’ONG sont en accointance avec ces partenaires qui nous portent la guerre à travers des missions de subversion (…) à travers des soutiens qu’ils apportent souvent aux terroristes », avait-il ajouté.

Le pays est confronté depuis une dizaine d’années aux attaques de groupes djihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique et Al-Qaida. Le Niger continue toutefois d’accepter l’aide d’organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), qui a conclu en novembre 2024 un accord avec Niamey pour le décaissement de 43 millions de dollars.

Le Monde avec AFP

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