Les anniversaires sont souvent prétexte à des célébrations capables de mettre en lumière autant qu’en perspective un destin, un engagement dont la mémoire vaut enseignement. Mort en novembre 2020, quelques mois après avoir fêté ses cent ans, Daniel Cordier n’aura pas pu bénéficier de ce prétexte calendaire. Heureusement la fièvre mémorielle qui l’a saisi octogénaire, convalescent après une lourde opération, nous a valu l’écriture de ses vies.
Jeune patriote militant du journal L’Action française, mais rompant avec son directeur Charles Maurras pour choisir, à l’heure de la débâcle, la Résistance et la clandestinité, galeriste et collectionneur audacieux, avant de se confronter à son passé d’acteur engagé pour défendre la mémoire de Jean Moulin puis d’entreprendre le récit d’une existence où rébellion et fidélité sont les maîtres mots, Daniel Cordier n’a cessé de s’interroger sur sa trajectoire, redoutant d’avoir mené « une vie pour rien » jusqu’à ce qu’il l’écrive.
Après le choc d’Alias Caracalla (Gallimard, 2009), qui couvrait la période de son engagement dans la Résistance jusqu’à la disparition de Moulin, dont il fut le très proche collaborateur, et Les Feux de Saint-Elme (Gallimard, 2014), récit de l’éveil sensuel et érotique de l’adolescent, qu’il livre avant de boucler les autres temps forts de ses Mémoires, paraissent, après sa mort, La Victoire en pleurant (Gallimard, 2021), puis Amateur d’art. Alias Caracalla, 1946-1977 (Gallimard, 2024) et enfin Rétro-chaos (Gallimard, 2025), retour sur les origines et les bifurcations de son parcours, qu’il avait, jusqu’à l’écriture d’Alias Caracalla, « tenu pour un chaos insignifiant ».
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