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Histoires Web mercredi, novembre 13
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Elle avait un peu disparu des esprits. Vladimir Poutine, Kim Jong-un et quelques autres l’ont remise à la mode : la menace nucléaire. Elle occupe jusqu’au 9 février 2025 les salles du Musée d’art moderne de Paris pour une exposition d’actualité. « L’Age atomique » traite du sujet du point de vue de la création plastique. Aux œuvres s’ajoutent des sections documentaires où s’accumulent textes et images, souvent redondants. Il y en a tant et accrochés si serrés qu’il devient parfois difficile de savoir à quel élément correspond tel cartel et que le regard ne sait plus où se poser. Il en est de même des toiles, qui se succèdent le long des murs à un rythme plus que soutenu. Tout cela fait un long parcours, et il est prudent de réserver deux heures de son temps pour essayer de tout voir et tout lire.

Il y a, dans cette abondance, des œuvres capitales, à commencer par celle qui accueille les visiteurs à l’entrée, Pagan Void, de Barnett Newman (1905-1970), un cercle noir au centre d’une nuée blanche qui semble liquide et où flottent des éclaboussures bleues. Newman étant américain et l’œuvre de 1946, sa présence à cet endroit suggère d’y reconnaître une référence aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki l’année précédente.

Cette interprétation n’est pas la seule qui puisse être proposée et on a cru y voir parfois la représentation d’une éclipse, mais, quelle que soit celle que l’on choisit, il est peu d’œuvres qui, par les moyens de la couleur et des formes, dégagent un sentiment de peur plus dense. A l’autre extrémité de l’exposition se trouve Eternity, de Luc Tuymans, grande sphère rouge irradiant sa lumière dont on ne sait si c’est le nuage d’une explosion ou le dôme imaginé par le physicien nazi Werner Heisenberg, l’un des acteurs du projet Uranium décidé par Hitler en 1939. Là encore, c’est à la forme et au chromatisme que l’œuvre doit sa force, plus qu’à ce qu’elle montrerait. Les deux œuvres se répondent ainsi à distance.

« Eternity » (2021), de Luc Tuymans.

Effacement de l’humanité

Il y en a d’autres aussi remarquables et qui ne suscitent pas moins de questions. Relèvent-elles indubitablement du sujet atomique ? Pour quelques-unes, c’est certain tant l’artiste y a mis d’insistance. Pour sa toile Uranium and Atomica Melancholica Idyll de 1945, Salvador Dali accumule les symboles. Il ne manque ni le bombardier, ni les bombes, ni les spectres blêmes sur fond noir. Aucune équivoque et aucun émoi : un exercice de style laborieux. La Composizione nucleare (1952), de Gianni Dova, est infiniment plus expressive, bien que Dova soit moins connu que Dali et sa toile presque abstraite et non narrative. Encore son titre est-il explicite. Ce n’est pas le cas du Droit de l’aigle (1951), d’Asger Jorn, de L’Impensable (1958), de Roberto Matta, ou de Spazio Luce (1960), de Francesco Lo Savio, mais on ne doute pas un instant qu’ils sont dans le sujet, chacun à sa manière, et que leurs auteurs projettent en peinture l’angoisse de l’effacement de l’humanité.

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