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Histoires Web mercredi, juillet 3
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Valentina (qui n’a pas voulu donner son nom) se mord les lèvres et baisse les yeux. « J’ai tellement honte », confie d’abord cette jeune Vénézuelienne de 19 ans qui a quitté son pays avec son mari et son beau-frère en mars pour se rendre aux Etats-Unis. Elle a connu bien des abus sur cette route, mais rien en comparaison de l’enfer qu’elle a vécu à Reynosa (frontière avec le Texas), où, à peine arrivés, ils ont été kidnappés et retenus avec une vingtaine d’autres migrants pendant deux semaines.

Leurs ravisseurs ont contacté leurs proches à Caracas, qui ont dû réunir 7 500 dollars (environ 7 000 euros) pour les libérer. « Ma famille a vendu tout ce qu’elle possédait, mais ça a pris quelques jours et, pendant ce temps, ils nous frappaient constamment. Et, moi, ils m’ont violée à plusieurs reprises, je ne sais plus combien de fois », raconte-t-elle, les yeux pleins de larmes et les poings serrés.

Valentina a été prise en charge par l’ONG Médecins sans frontières (MSF), quand elle a retrouvé la liberté : consultation gynécologique d’abord et psychologique ensuite. Si elle a accepté de l’aide, c’est aussi parce que son mari savait déjà ce qu’elle avait connu. « La plupart ne disent rien et on doit évoquer la violence sexuelle avec beaucoup de précautions, car la peur d’être stigmatisée prédomine. D’autre part, les personnes savent que le risque de violences sexuelles existe en prenant cette route et ils l’assimilent comme un prix à payer », considère la médecin Cristina Romero, responsable du projet médical de MSF à Reynosa, dans l’Etat du Tamaulipas.

« Ils se sont vengés sur nos garçons »

L’ONG cherche à attirer l’attention sur les violences sexuelles subies par les migrantes et migrants, qui seraient en nette augmentation. « En 2023, nous avons relevé un total de 107 cas. Mais, les trois premiers mois de cette année, nous en sommes déjà à 105 victimes. C’est trois fois plus qu’en 2022, sachant qu’en plus la plupart des agressés ne disent rien », ajoute la médecin.

Des migrants sont traités en consultation par le personnel de Médecins sans Frontière, à l’ancien hôpital Alfredo Pumarejo, à Matamoros, Tamaulipas (Mexique), le 24 juin 2024.

La sœur Maria Telo, responsable depuis plus de dix ans d’un refuge à Reynosa, n’est pas étonnée de cette augmentation. Le 22 juin, le refuge des religieuses, d’une capacité de 170 personnes, est plein. « La plupart des migrants que l’on reçoit ont été kidnappés à leur arrivée à Reynosa. J’ai appris à reconnaître dans leur regard ceux qui ont subi de la violence », explique cette religieuse en nous conduisant auprès d’une famille équatorienne de sept personnes, arrivée récemment au refuge, après un kidnapping de plusieurs semaines.

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