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Le 3 juin à 7 heures, le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO »), est apparu avec un large sourire à sa tribune quotidienne, cette mañanera (« matinale ») retransmise en direct cinq jours sur sept à la télévision et qu’il assure, depuis le début de son mandat en 2018. « Je suis très content, vraiment très content », a-t-il commenté au lendemain de la victoire de sa dauphine, Claudia Sheinbaum, largement élue avec 35,9 millions de voix (59,3 %), 6 millions de plus que lors de sa propre victoire, en 2018. Mardi 1er octobre, elle lui succédera à la présidence du Mexique.

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La gauche a non seulement conservé la présidence mais aussi remporté la majorité au Congrès, ce qui lui a permis de modifier la Constitution en septembre, le dernier mois du mandat présidentiel de six ans. Depuis, « AMLO » a conservé ce sourire, s’offrant une tournée d’adieu avec Claudia Sheinbaum, répétant qu’elle sera une « excellente présidente » tandis qu’elle le présente comme « le meilleur chef d’Etat de l’histoire du Mexique ».

« AMLO » quitte le pouvoir avec plus de 75 % d’opinions favorables, score inédit dont sa dauphine a hérité. Durant sa présidence, la majorité des Mexicains ont vu leurs conditions économiques s’améliorer, le salaire minimum a doublé et 9 millions d’entre eux sont sortis de la pauvreté. Mais avec ce soutien populaire, la nouvelle présidente reçoit aussi un héritage plus compliqué, celui de la politique de sécurité et qui a commencé par une trahison. Alors que le président sortant avait promis de « démilitariser le pays », récusant la guerre contre le narcotrafic ouverte en 2006 par son prédécesseur, Felipe Calderon, il a au contraire donné les quasi pleins pouvoirs aux militaires en matière de sécurité.

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« AMLO » a choisi d’éviter la confrontation avec les groupes criminels pour ne pas attiser la violence. « La vie des gens vaut plus que la capture d’un criminel, il faut pacifier le pays », a-t-il souvent dit. Pour obtenir une certaine paix sociale, telle que le Mexique la connaissait il y a trente ans, il a déployé un nombre record de forces de l’ordre – près de 300 000 –, y compris la nouvelle garde nationale issue de l’ancienne police fédérale et commandée par les militaires.

« Il a voulu implanter une forme de coexistence avec les narcotrafiquants en leur posant des lignes rouges à ne pas dépasser, explique Falko Ernest, expert en sécurité de l’ONG Crisis Group. Mais avec près de deux cents groupes criminels lourdement armés sur une large partie du territoire, et non plus quatre comme en 1990, cette stratégie n’a guère fonctionné. »

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