En deux jours, l’armée malienne a fait face à deux attaques djihadistes d’importance : un assaut coordonné a visé, lundi 2 juin, un camp à Tombouctou ainsi que l’aéroport à proximité, au lendemain d’un raid sanglant qui a coûté la vie à au moins 30 soldats dans le centre du pays.
Dans un communiqué publié lundi soir, l’état-major malien a ainsi dit avoir « successivement déjoué une tentative d’infiltration des combattants terroristes au camp (…) et à l’aéroport de Tombouctou », principale ville du nord du Mali, que les djihadistes avaient occupée pendant plusieurs mois en 2012. L’armée déclare avoir « neutralisé » 14 assaillants, sans préciser s’il y avait d’autres victimes, lors de cette attaque lancée vers 10 heures locales (midi à Paris).
« Les terroristes ont été vite mis en déroute par la promptitude de la réaction des hommes », affirme l’armée, ajoutant que « 31 présumés terroristes » ont été « interpellés ».
Le camp militaire a subi une « tentative d’infiltration » et des obus ont été lancés sur l’aéroport situé à 2 kilomètres de la ville, avait précisé plus tôt le gouvernorat de Tombouctou, en affirmant par ailleurs sur Facebook que la situation était « sous contrôle ». Des tirs nourris ont été entendus dans la ville, selon l’armée, des responsables locaux et des habitants joints par l’Agence France-Presse (AFP). Aucune indication sur d’éventuelles victimes militaires ou civiles n’était disponible dans l’immédiat.
« Un véhicule bourré d’explosifs »
Une source sécuritaire a affirmé dans l’après-midi à l’AFP que les opérations dans le camp étaient « déjà terminées » et que les assaillants étaient « partout dans la ville ». A l’aéroport, « ils n’ont pas fait d’incursion » car « les Russes sont là-bas », « mais ils ont lancé des obus », a poursuivi cette même source. Selon un élu local, « les terroristes sont arrivés » lundi à Tombouctou « avec un véhicule bourré d’explosifs », qui « a explosé vers le camp » militaire.
Le Mali est en proie depuis 2012 aux violences de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique (EI), et de gangs communautaires.
Lorsqu’ils avaient occupé Tombouctou en 2012, les djihadistes avaient causé l’émoi par leurs exactions et la destruction d’une partie des mausolées de cette ville inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle avait été reprise sans combat, fin janvier 2013, à la faveur de l’opération militaire française « Serval » lancée pour enrayer la progression des djihadistes au Mali.
Mais depuis qu’ils ont pris le pouvoir lors de coups d’Etat en 2020 et 2021, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont ensuite tournés vers la Russie.
La crainte d’un bilan plus lourd parmi les soldats tués
L’attaque de Tombouctou, lundi, est intervenue au lendemain d’un autre assaut d’ampleur contre le camp de Boulkessi, l’un des principaux de l’armée, dans le centre du pays.
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« Nos unités sur le terrain rapportent la mort de trente personnes côté amis [des soldats] (…) Nos hommes se sont battus jusqu’au bout », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire à Bamako, ajoutant que d’autres soldats étaient « portés disparus » depuis l’attaque. Un élu local, sous couvert d’anonymat, a lui évoqué « d’au moins 60 militaires tués ».
Une seconde source sécuritaire malienne interrogée par l’AFP a fait état d’« une soixantaine de victimes » – morts, disparus et pris en otage – du côté des forces maliennes.
L’armée avait annoncé, dimanche, l’attaque du camp de Boulkessi sans donner de bilan. « Les FAMA [forces armées maliennes]ont vigoureusement réagi à cette attaque avant de se replier » et « beaucoup d’hommes se sont battus, certains jusqu’à leur dernier souffle », a-t-elle déclaré, affirmant que « des opérations ont permis de détruire plusieurs terroristes regroupés dans des lieux de repli ».
En septembre 2024, les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont revendiqué une attaque d’une rare ampleur qui avait frappé à la fois une caserne de gendarmerie et un aéroport militaire dans la capitale malienne, Bamako, plutôt épargnée ces dernières années par les opérations d’envergure.
Les groupes djihadistes, et les forces armées maliennes associées au groupe paramilitaire russe Wagner, sont régulièrement accusés d’exactions au Mali par des observateurs internationaux.