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Le bras de fer entre le Hezbollah et le gouvernement libanais s’annonce tendu. Le mouvement chiite a sèchement réagi, mercredi 6 août, à l’annonce faite la veille par les autorités de charger l’armée de préparer un plan d’action pour le désarmer d’ici à la fin de l’année 2025, ce qui constituerait une mesure sans précédent.

Le gouvernement « a commis un péché grave en prenant une décision qui prive le Liban de l’arme de la résistance contre l’ennemi israélien », a ainsi annoncé le Hezbollah, estimant que cette décision « sapait la souveraineté du Liban » et « donnait les mains libres à Israël ». « C’est pourquoi nous ferons comme si elle n’existait pas », a-t-il ajouté.

Le parti milice pro-iranien. considère que cette décision est « le fruit des injonctions de l’émissaire américain Tom Barrack », qui avait proposé aux autorités le désarmement du mouvement selon un calendrier précis. Elle « sert pleinement les intérêts d’Israël et laisse le Liban exposé face à l’ennemi israélien, sans moyen de dissuasion », accuse le parti.

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Soutien de Téhéran

A Téhéran, le ministre des affaires étrangères iranien a assuré que son pays soutenait son allié libanais. « Toute décision au sujet du désarmement reviendra en dernier ressort au Hezbollah lui-même. Nous le soutenons à distance, mais nous n’intervenons pas dans ses décisions », a déclaré Abbas Araghtchi.

La décision du gouvernement libanais s’inscrit dans le cadre de l’application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à plus d’un an de conflit entre le Hezbollah et Israël. L’accord prévoit que seuls six organismes militaires et de sécurité sont autorisés à porter les armes.

Dans son communiqué, le Hezbollah réaffirme que l’arrêt des frappes israéliennes sur le Liban, qui se poursuivent quasi quotidiennement malgré le cessez-le-feu, est une condition préalable à toute discussion sur « une nouvelle stratégie nationale de défense ».

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Une nouvelle frappe israélienne sur la ville méridionale de Tulin, mercredi, a fait un mort et un blessé, selon le ministère de la santé libanais. Israël a également lancé une série de frappes aériennes sur le sud du Liban, blessant au moins deux personnes selon la même source.

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L’armée israélienne a assuré avoir frappé « des entrepôts d’armes, un lance-missiles et des infrastructures terroristes du Hezbollah qui stockaient des outils permettant de rétablir les infrastructures terroristes dans la région ».

La décision du gouvernement libanais retire au Hezbollah la légitimité politique dont bénéficiait jusqu’ici son arsenal, et que les précédents gouvernements avaient consacrée. Le conseil des ministres doit se réunir jeudi après-midi pour poursuivre l’examen de la « proposition soumise par la partie américaine », selon le premier ministre, Nawaf Salam.

Deux ministres quittent une réunion du cabinet

Le ministre de la santé libanais, Rakan Nassereddine, affilié au Hezbollah, et la ministre de l’environnement libanaise, Tamara El-Zein, proche du mouvement Amal allié, ont quitté la réunion du cabinet mardi. Selon le Hezbollah, les ministres entendaient ainsi exprimer leur « rejet » de ce qu’il assimile à une volonté de « soumettre le Liban à une tutelle américaine et à une occupation israélienne ».

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La décision gouvernementale est inédite depuis l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile libanaise (1975-1990) et en vertu duquel les partis ont remis leurs armes à l’Etat – à l’exception du Hezbollah, qui les a conservées au nom de la « résistance » à Israël.

Le parti des Forces libanaises, dirigé par le chef chrétien Samir Geagea, a estimé dans un communiqué mercredi que « la décision historique prise hier par le conseil des ministres aurait dû l’être il y a trente-cinq ans », à la fin de la guerre civile. Le Mouvement patriotique libre, autre grand parti chrétien et ancien allié du Hezbollah, s’est lui déclaré favorable à ce que l’armée récupère les armes du groupe « afin de renforcer la puissance défensive du Liban ».

Le parti chrétien Kataëb, opposé au Hezbollah, a salué une décision « historique qui remet le Liban sur la voie de la souveraineté », mettant en garde contre « toute logique d’intimidation et d’abus de pouvoir – une époque révolue ».

A l’inverse, le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement, Nabih Berri, a critiqué une décision qui « précipite de nouvelles concessions gratuites à l’ennemi israélien », estimant que le gouvernement aurait dû d’abord « œuvrer à consolider le cessez-le-feu et à mettre un terme à la machine de mort israélienne ».

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Le Monde avec AFP

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