Le défenseur des droits humains kényan, Boniface Mwangi, a été accusé au lendemain de son arrestation d’avoir « facilité des activités terroristes » lors de manifestations récentes, a indiqué dimanche 20 juillet la Direction des enquêtes criminelles (DCI) de la police locale.
Plusieurs dizaines d’organisations et défenseurs des droits humains ont critiqué cette accusation, dénonçant une « instrumentalisation manifeste du système judiciaire pour écraser la dissidence ». « Ce qui a commencé comme une persécution ciblée de jeunes manifestants exigeant des comptes s’est transformé en une attaque à grande échelle contre la démocratie kényane », ont accusé ces organisations dans un communiqué.
La DCI a indiqué sur le réseau social X que le militant a été arrêté samedi à son domicile par des enquêteurs « pour avoir facilité des activités terroristes lors des manifestations du 25 juin 2025 », organisées en hommage aux victimes de brutalités policières en 2024, et qui ont tourné à la violence.
Selon des défenseurs des droits humains, au moins dix-neuf personnes ont été tuées ce jour-là. Des centaines d’autres avaient été arrêtées, parmi lesquelles trente-sept sont poursuivies pour « terrorisme ». L’arrestation de M. Mwangi a suscité une pluie de condamnations et d’appels à sa libération. Après son arrestation, le militant a été escorté à son bureau à Nairobi, où des disques durs, des ordinateurs portables, des chéquiers ainsi que deux grenades lacrymogènes ont notamment été saisis, a affirmé la DCI.
Des « voyous »
Les « occupants » du bureau de M. Mwangi ont « distribué de l’argent pour faciliter l’embauche de voyous », a déclaré la DCI. Un mandat de perquisition, partagé aux médias par une militante, indique que ces « voyous » auraient « semé la terreur parmi la population, provoquant le chaos et des troubles à l’ordre public généralisés » le 25 juin.
Le président William Ruto fait face à des critiques de plus en plus vives suite à une série d’enlèvements et de violences policières depuis le début d’un mouvement de contestation déclenché en juin 2024 par une loi budgétaire controversée, critiquée notamment par la jeunesse.
Les rassemblements ont été durement réprimés et ont fait plus de cent morts. L’exécutif a ensuite affirmé avoir « déjoué un coup d’Etat », tandis que les manifestants l’ont accusé d’avoir engagé des hommes armés pour discréditer leur mouvement.
M. Mwangi, détenu dans un poste de police à Nairobi, doit comparaître ce lundi 21 juillet, selon la DCI. Le militant et ancien photojournaliste est célèbre au Kenya, où il a été arrêté à de nombreuses reprises.
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Le 19 mai, il avait aussi été interpellé avec la journaliste et militante ougandaise Agather Atuhaire à Dar es-Salaam où ils étaient venus soutenir le chef de l’opposition Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, un crime passible de la peine de mort. Ils ont accusé les policiers tanzaniens qui les ont détenus pendant plusieurs jours d’actes de torture et d’agressions sexuelles et ont saisi cette semaine la Cour de justice de l’Afrique de l’Est (EACJ) contre la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya.