Le poète kényan Willie Oeba, 31 ans, se rappelle la découverte des vers de Ngugi wa Thiong’o au lycée, en déduisant que « ce que l’on dit est aussi important que la manière dont on le dit ». Comme lui, de nombreux artistes kényans revendiquent l’influence du romancier, décédé à 87 ans le 28 mai aux Etats-Unis.
« Il reste une référence pour toutes les générations d’écrivains kényans », explique Carey Baraka, l’une des figures de la littérature contemporaine du pays. En 2023, ce dernier a raconté dans un long récit publié dans le quotidien britannique The Guardian les trois jours qu’il avait passés en compagnie du père des lettres kényanes en Californie.
« Ngugi wa Thiong’o demeure un guide et une figure radicale très puissante pour les jeunes auteurs. Certains, comme ceux de ma génération, l’ont étudié à l’école. D’autres l’étudient encore aujourd’hui », abonde le dramaturge Ngartia Bryan, 31 ans. « Ses idées sur la décolonisation ont influencé de nombreux romanciers du pays », confirme Tom Odhiambo, professeur de littérature à l’université de Nairobi.
Les œuvres de Ngugi wa Thiong’o demeurent d’actualité notamment par leur dimension contestataire. Critique des élites kényanes après l’indépendance de 1963 et de leur confiscation du pouvoir, l’auteur n’a cessé de mettre en scène les travers des dirigeants de son pays. Comme dans sa pièce de théâtre Ngaahika ndeenda. Ithaako ria ngerekano (« je me marierai quand j’en aurai envie », éd. Heinemann, non traduit), coécrite en kikuyu, en 1977, avec Nguri wa Mirii. L’œuvre raconte l’histoire d’une famille de fermiers confrontée à la confiscation de ses terres par les dirigeants locaux.
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