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Le kévazingo, arbre roi des forêts d’Afrique centrale très prisé en Asie, serait-il devenu un indicateur de l’activité forestière du Gabon sur l’échelle mondiale de la vertu environnementale ? L’exploitation de cette essence précieuse et menacée avait été officiellement interdite en 2018 après un scandale retentissant durant la présidence d’Ali Bongo Ondimba. Elle vient d’être de nouveau autorisée par les putschistes du 30 août 2023 réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), désireux de relancer toute l’activité forestière, potentiel relais de croissance d’une économie largement dépendante d’une activité pétrolière en déclin.

Le « kévazingogate », comme l’appelle la presse gabonaise, avait éclaté en 2019. Fin février et début mars de cette année-là, les douanes avaient découvert 5 000 m3 de ce bois rare (d’une valeur d’environ 7 millions d’euros) au port d’Owendo, à Libreville, dans deux entrepôts appartenant à des sociétés chinoises. Une partie de la marchandise déjà chargée dans des conteneurs était estampillée par le ministère des eaux et forêts, indiquant une cargaison d’okoumé, une essence commune dont l’exploitation est autorisée.

L’affaire rebondissait quelques semaines plus tard. Une centaine de conteneurs, sur les quelque 350 placés sous scellés par la justice, s’évanouissaient mystérieusement dans la nature. Des têtes étaient tombées au plus haut sommet de l’Etat, dont celles du vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou et du ministre des forêts Guy-Bertrand Mapangou, tous deux limogés. Un influent entrepreneur chinois soupçonné d’être le cerveau de ce commerce illégal n’avait pas été inquiété pour autant.

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« Les hommes d’affaires chinois présents dans ce secteur d’activité sont des commerçants, pas des forestiers. Ils pensent pouvoir tout acheter, les fonctionnaires comme les certifications », raconte un consultant étranger familier de cette activité et établi depuis de nombreuses années en Afrique centrale : « Ils n’hésitent pas à recourir à des manœuvres d’intimidation physique pour arriver à leurs fins. » Dans la foulée du scandale, les autorités gabonaises avaient interdit l’exploitation de ce bois, sacré pour certains, simple matière première pour la réalisation de portails de temples ou de tables de thé pour d’autres.

« Bourbiers »

L’affaire tombait mal pour le régime d’Ali Bongo. Là où son père, Omar Bongo Ondimba, indéboulonnable président de 1967 jusqu’à sa mort en 2009, s’appuyait sur l’industrie pétrolière, son fils et successeur s’évertuait sincèrement à placer son pays sur la carte des acteurs respectueux de l’environnement en général et en particulier des forêts, qui recouvrent 80 % de son territoire. Pionnier en Afrique centrale, le Gabon avait interdit dès 2010 l’exportation de grumes brutes, toutes essences confondues. Il exige depuis que les professionnels de la filière fassent une première transformation avant d’exporter le bois.

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