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Histoires Web dimanche, juin 30
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L’été cinéphile commence généralement par un crochet à La Rochelle, où le FEMA (Festival La Rochelle Cinéma) reconduit sa formule généreuse mêlant rétrospectives de fond à une salve d’avant-premières, solide aussi, puisqu’elle vient tranquillement de franchir le demi-siècle depuis sa création en 1973. Sauf qu’une autre sorte de suspense risque, cette année, de se surimprimer à cette 52édition qui, se déroulant du vendredi 28 juin au dimanche 7 juillet, s’apprête à chevaucher les deux tours des élections législatives précipitées qui offrent une fenêtre de tir inédite à l’extrême droite.

Dans la Ville blanche, bastion social-démocrate, le scrutin européen du dimanche 9 juin a vu arriver en tête la liste « Réveiller l’Europe » menée par Raphaël Glucksmann avec 22,67 % des suffrages, mais talonnée de très près par celle du Rassemblement national à 18,07 %. Dans le goulot d’étranglement de l’entre-deux-tours, la tenue du festival pourrait paraître décalée : elle affirme au contraire la continuité coûte que coûte d’une mission culturelle qui, dans le contexte, prend une importance accrue.

Au programme de cette plantureuse édition, où se croiseront un hommage à Françoise Fabian en sa présence, et des retrouvailles avec Marcel Pagnol et Chantal Akerman (1950-2015) grâce à des copies flambant neuves, un cycle risque de résonner plus fort que les autres, consacré à Michael Haneke, portraitiste en chef de la mauvaise conscience européenne. En effet, l’œuvre du cinéaste autrichien, douze longs-métrages en trente ans, réfléchit de longue date sur les maux qui hantent le Vieux Continent : les origines villageoises du totalitarisme (Le Ruban blanc, 2009) ; la banalisation de l’ultraviolence (Funny Games, 1997) ; le refoulé colonial (Caché, 2005) ou encore l’obscurantisme qui vient (Le Temps du loup, 2003), en des termes austères et tranchants qui n’ont jamais hésité à doucher le spectateur.

Œuvres de jeunesse pour la télévision

Le programme met surtout en lumière une part peu visitée du corpus hanekien : ses œuvres de jeunesse pour la télévision autrichienne, dont cinq sont ici présentées à la faveur de restaurations toutes fraîches. Celles-ci dévoilent une autre facette d’Haneke, ironiste précoce, mais moins formaliste qu’au cinéma, moins manipulateur aussi, plus proche de ses personnages et ne cherchant pas à étouffer l’émotion. Des caractéristiques qui s’expliquent sans doute par les contraintes plus grand public de la petite lucarne, sans pour autant brider un art exigeant.

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