Au festival Entrevues de Belfort, dont la 39e édition a lieu du lundi 18 au dimanche 24 novembre, il n’est pas rare de confondre des cinéastes avec des lycéens en option cinéma, lesquels viennent chaque année découvrir les films d’auteur à la manifestation du Territoire de Belfort – ils sont 380 élèves, en provenance de Montpellier, Nantes, Paris… Un public de jeunes cinéphiles croise des cinéastes parfois à peine plus âgés.
Quant aux courts-métrages en compétition, souvent des premiers films, ils sont au centre de la programmation : ils sont diffusés juste avant les longs-métrages qui concourent pour le Grand Prix Janine Bazin (dix au total), souvent en présence de leurs auteurs. C’est ainsi que l’on a découvert le magnétique Colloque des chiens, interprété par deux toutous mélancoliques, de Norman Nedellec, issu du monde paysan, ainsi que L’Avance, de Djiby Kebe, né en 2000 à Paris : quelques instants subtils dans la solitude d’un jeune peintre noir (Saabo Balde), alors qu’il commence à côtoyer le milieu des collectionneurs.
La programmation d’Entrevues, collégiale, coordonnée par Cécile Cadoux, tente d’attirer divers publics : outre la compétition, un hommage au cinéaste français Laurent Achard, mort le 24 mars à l’âge de 59 ans ; une rétrospective Robert Guédiguian ; les premiers films de l’Américaine Nancy Savoca ; une thématique sur l’actrice et son double, etc. Au total 120 œuvres, une belle affluence, mais des inquiétudes liées à l’annonce, par le département, de la baisse de sa subvention de 20 % pour l’année 2025.
« Par ces temps de restriction budgétaire, la culture ne peut pas être la variable d’ajustement, souligne Gilles Lévy, président de l’association Cinémas d’aujourd’hui, qui organise le festival. Entrevues met la ville en fête, mixe les populations, on en ressent les effets après chaque édition. » L’un des films en compétition, le solaire Festa major, de Jean-Baptiste Alazard, cinq jours de fête et d’ivresse dans un village pyrénéen, raconte autrement cette joie de « faire ensemble »… Un remède à la fracture de la société, que l’on aura un peu oubliée durant le festival.
D’autres œuvres nous ont ramenés à la réalité, comme le somptueux The Antique, de la Géorgienne Rusudan Glurjidze, née en 1972 (sans doute la doyenne de la compétition). Le film, dévoilé à Venise et porté par une merveilleuse comédienne (Salome Demuria), s’ouvre avec ce carton : « Le film est inspiré par la brutale et illégale déportation de milliers de Géorgiens par le gouvernement russe en 2006. » Il montre, sur fond de trafics d’œuvres entre la Géorgie et la Russie, une Géorgienne qui s’installe à Saint-Pétersbourg, cherchant à échapper à la police.
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