« Atypique », « inclassable », « insaisissable », « éclectique ». S’ils ne sont pas exagérés, les différents adjectifs accolés par la critique de la bande dessinée au nom d’Usamaru Furuya sont en revanche trop pudiques pour qualifier ses mangas. Ils ne suggèrent pas les visions cauchemardesques et les mises en scène tout en chaos de cet auteur japonais, de passage pour la première fois en France, invité à donner une master class au Festival du livre de Paris, qui s’est ouvert vendredi 11 avril au Grand Palais.
Ces adjectifs ne disent rien non plus de ses expérimentations graphiques et narratives aussi élaborées qu’iconoclastes que le mangaka a menées dès le début de sa carrière, au milieu des années 1990, dans les pages du mensuel avant-gardiste Garo (Palepoli, Imho, 2012), parodiant, par exemple, Jésus ou l’inspecteur Columbo dans des planches en quatre cases appelées yonkoma, exercice voisin du comic strip anglo-saxon. Ils n’expriment pas non plus sa capacité à instaurer un climat malsain, parfois suffocant ou grotesque (La Croisade des innocents, Imho, 2024), les corps brutalisés de ses personnages, notamment féminins (Garden, Imho, 2023), les esprits poussés dans leurs retranchements et les groupes sociaux les plus exaltés qu’il met en scène dans des univers fascisants (Litchi Hikari Club, Imho, 2011).
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