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Des voix, celle d’abord, en fin d’après-midi au Théâtre municipal de Nevers, samedi 9 novembre, jour d’ouverture de la 38e édition du D’Jazz Nevers Festival, prévu jusqu’au 16 novembre, de la pianiste et chanteuse Macha Gharibian. Parfois seule dans un chant en arménien, le plus souvent venant se mêler aux timbres vocaux du flûtiste Joce Mienniel et du contrebassiste Arnault Cuisinier (Celebrate, M Train).

Et en soirée, dans la grande salle de La Maison, celle de la contrebassiste Sélène Saint-Aimé, à la tête de son quintette, puis de Himiko Paganotti, se joignant à la fois à la section de vents du septette du contrebassiste Henri Texier, donnant vie dans la lecture/interprétation d’écrits de Jacques Prévert ou d’une traduction d’un texte du chef des Lakotas Hunkpapas (Sioux), Sitting Bull (1831-1890).

Autre lien entre ces trois concerts, des voyages musicaux. Celui qui passe en partie par les racines de Macha Gharibian, mais aussi une manière de folk-pop, la musique classique, le minimalisme américain évoqué dans M Train, dont l’inspiration vient de la composition Different Trains (1988), de Steve Reich. Avec Sélène Saint-Aimé, c’est l’espace musical des Caraïbes qui est exploré, par les croisements rythmiques entre ses racines martiniquaises et celles du Guadeloupéen Sonny Troupé, batteur et joueur de tambour ka, avec virée possible, presque à la fin du concert, vers le jazz afro-cubain.

Bouche en o de satisfaction

Enfin, les formes stylistiques du jazz, des premiers temps, du bop et de son après, du free, qui imprègnent la musique d’Henri Texier, viennent nourrir plusieurs compositions consacrées aux Amérindiens, au cœur de certains de ses albums, dont le dernier en date, An Indian’s Life (octobre 2023, Label bleu/L’Autre Distribution) est joué en grande partie.

Henri Texier au D’Jazz Nevers Festival, le 9 novembre 2024.

L’on aura eu quelques réserves lors des concerts de Macha Gharibian, où la forme du trio nous semble parfois déstabilisée par la place trop importante qu’y prend le flûtiste Joce Mienniel, et de Sélène Saint-Aimé, dont la connivence et les échanges avec Sonny Troupé sont un point fort, comme avec le trompettiste Hermon Mehari et le saxophoniste Irving Acao, mais où le pianiste Xavier Bellin, paraît un peu en retrait. La musicienne précisera toutefois que ce quintette avec piano était récent. A retrouver plus tard donc.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Le contrebassiste de jazz Henri Texier poursuit son chemin sur la piste indienne

Avec le concert d’Henri Texier, tout s’équilibre entre les interprètes, les parties d’ensemble, les parties solistes, attention partagée, improvisations d’une juste durée et intensité. Sourire radieux et bouche en o de satisfaction de Texier à l’écoute des saxophonistes et clarinettistes Sylvain Rifflet et Sébastien Texier, du trompettiste Carlo Nardozza, du guitariste Manu Codjia, de la chanteuse Himiko Paganotti et du batteur Gautier Garrigue. Avec des surgissements qui expriment des colères sur les méfaits commis à l’égard des Amérindiens (Black Indians, Dakota Mab, de l’album Sky Dancers, en 2015…), des tendresses dont, au rappel, le thème Steve and Carla, « petite valse parisienne », explique Texier, pour Steve Swallow et Carla Bley – écrite et enregistrée avant la mort de la pianiste et compositrice américaine le 17 octobre 2023.

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